Château de Boves dans la Somme

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Château de Boves

  • Voie Minot
  • 80440 Boves
Château de Boves
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Château de Boves
Château de Boves
Crédit photo : Markus3 (Marc ROUSSEL) - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Patrimoine classé

Château (restes) : inscription par arrêté du 4 mars 1926

Origine et histoire du Château de Boves

Le château de Boves est un ancien château fort en ruines dont les vestiges se dressent sur la commune de Boves, à 8 km au sud-est d’Amiens, dans le département de la Somme. Il ne subsiste aujourd’hui que la motte castrale, surmontée de deux pans de murs d’une dizaine de mètres, vestiges de la tour sud‑est de la dernière résidence aristocratique édifiée à la fin du XIVe siècle sur ce tertre entièrement anthropique. Les recherches archéologiques menées sans discontinuité entre 1996 et 2019 ont profondément renouvelé la connaissance du site et, plus généralement, des modalités d’adaptation du chef‑lieu d’un centre de pouvoir régional entre le IXe et le XVIIe siècle.

La place forte occupe un promontoire de craie culminant à environ 71 mètres, un éperon favorable à la fortification en amiénois. Ce promontoire, barré au sud par un fossé profond, est déterminé à l’est par la confluence de la Noye et de l’Avre (altitudes 25 à 30 m) et à l’ouest par le fort méandre de la vallée sèche des Aires (altitude 35 m).

La motte castrale, de nature entièrement artificielle, fut probablement érigée dans la première moitié du Xe siècle et rapidement occupée comme résidence d’élite. Dans la basse‑cour fut établi le prieuré Saint‑Ausbert, rattaché à l’ordre de Cluny et, au XIIe siècle, dépendant du prieuré de Lihons‑en‑Santerre. La motte a été agrandie et remaniée à plusieurs reprises, et l’occupation n’a pas été interrompue, ce qui complique l’interprétation des vestiges. Au XIVe siècle, Ferry Ier de Vaudémont fit reconstruire le château ; les pans de murs visibles aujourd’hui proviennent de cette dernière phase. Le château fut démantelé en 1595 et employé comme carrière à ciel ouvert. Au XIXe siècle, seuls subsistaient les vestiges d’une tour ; Victor Hugo, de passage en août 1835, évoque brièvement « les ruines [...] de Boves, un grand donjon crevassé... ».

Le programme archéologique conduit de 1996 à 2013 par Philippe Racinet a mobilisé une équipe pluridisciplinaire et plusieurs centaines d’étudiants, et a fait l’objet de publications dans la Revue archéologique de Picardie (2002, 2008, 2012) portant sur les campagnes menées de 1996 à 2005. Ce premier programme a permis la fouille de 1 300 m2 de la plate‑forme et a mis en lumière la complexité des aménagements entre la fin du IXe et la fin du XVIe siècle, documentant les formes matérielles d’une résidence aristocratique sur sept siècles. Depuis 2014, un nouveau programme pluriannuel dirigé par Richard Jonvel s’intéresse à l’occupation de la première enceinte, en particulier au secteur sud‑est, zone tampon et d’échanges entre le château et le prieuré clunisien. Après une première triennale (2016‑2018) sous l’égide du programme universitaire ArchéoMedPic du laboratoire trAme (EA 4284), la campagne suivante s’intègre aux activités scientifiques du service Archéologie Préventive d’Amiens Métropole. Les opérations ont notamment mis au jour une muraille à l’assemblage très régulier lors de fouilles de juillet 2008 et ont été documentées par des vues aériennes en 2018.

L’enceinte ancienne, d’environ 100 m sur 80 m, est constituée de remparts de terre précédés de fossés du côté du plateau et en retour vers l’à‑pic. Au sud, sur un réduit de 20 m sur 30 m, se dressait un donjon carré en pierre dont subsistent des pans de murs. La topographie actuelle distingue trois entités sur le site de 11 hectares : une plate‑forme sommitale de 2 300 m2 établie sur la motte artificielle, qui domine de 14 m la basse‑cour ; une première enceinte de 5,1 ha, dite « basse‑cour », englobant la motte, deux établissements religieux et leurs nécropoles, une cellule paroissiale (Notre‑Dame des Champs) et, d’après l’étude régressive des textes, un habitat villageois de taille indéterminée ; et une seconde enceinte de 6 ha, aujourd’hui en culture, qui conserve, sur photographie aérienne, la trace d’une grande exploitation agricole datée des XIIe–XIVe siècles. La première enceinte était au moins dès le plein Moyen Âge ceinte par une fortification dont la nature reste inconnue, mais qui comprenait deux portes dites de Sains (ouest) et de la Fontaine (nord).

La fouille de la motte a précisé sa technique de construction : le rebord a été aménagé par alternance de blocs et de cailloutis de craie, ce qui limite l’érosion et assure une forte pente d’environ 45 degrés ; l’intérieur a été comblé par des dépôts hétérogènes entrecoupés de radiers damés. L’étude des remblais montre qu’ils s’inclinent du rebord vers le centre, favorisant le drainage des eaux de surface vers le cœur de l’emmotement, le dessèchement de la périphérie et la prévention du ruissellement érosif.

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