Origine et histoire du Château de Brésis
Le château de Brésis, dit aussi Brisis, est une ruine située à Ponteils-et-Brésis dans le Gard, composée d’un donjon de quatre étages entouré d’une enceinte. Construit à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle pour surveiller le pont sur la Cèze, il appartenait à la famille d'Hérail. Abandonné à la fin du XVIIIe siècle lorsque l’héritière Anne Hérail de Brisis, comtesse de Condorcet, se trouva endettée et demanda à son cousin Louis Sarrazin du Chambonnet de liquider ses biens, le château demeura inhabité après sa mort en 1790 et la Révolution. Il fut vendu en l’an X à M. du Chambonnet et à Félix Chaber de Montselgues pour 800 francs, puis ses matériaux furent pillés ou réemployés, comme l’attestent des textes de vente mentionnés dans un inventaire publié en 1882. Pendant deux siècles, le site servit de carrière de pierres aux habitants du voisinage.
Le monument est implanté sur un rocher de schiste qui explique sa forme elliptique et sa faible superficie ; il est séparé de la montagne par un large fossé taillé dans le roc. Le donjon carré atteint 15 mètres de hauteur ; ses murs, épais d’environ 1,30 mètre, créent des salles de petite dimension (4,80 m sur 4,30 m). Voûtés à tous les étages, les niveaux conservent des trous de boulin témoignant d’anciens planchers en bois. L’accès principal se situe à l’ouest au pied du donjon ; une porte ouvre sur le premier étage et une autre, au second étage orientée au sud, présente un encadrement en granite indiquant une modification postérieure. Au XVIIe siècle, cet étage était résidentiel et comportait une loggia.
L’enceinte épouse la taille du rocher et s’organise en huit pans ; son entrée principale débouche sur un escalier de schiste et était défendue par une bretèche et d’autres systèmes de fermeture, tandis que des traces sur la façade révèlent une ancienne passerelle semi-amovible. La façade ouest correspond à une extension tardive de la fin du XVIe siècle et est flanquée à sa base de deux tours défensives. Le château a connu de nombreuses campagnes de construction jusqu’au XVIIIe siècle ; des textes du XIVe siècle mentionnent chambres, cour, aula et cuisine.
Au rez-de-chaussée se distinguent deux salles particulières : l’une a son sol et trois parois taillés dans le schiste, avec une banquette et une cheminée, et son sol fut recouvert au XVe siècle d’un mortier de chaux contenant des résidus métallurgiques et des laitiers liés à l’activité d’un moulin à fer ; l’autre est creusée dans le schiste sur 1,50 à 2 mètres, sous une voûte en berceau, et comporte des drains et rigoles pour l’évacuation des eaux.
Le vicomte Guy d'Hérail de Brisis entreprit des travaux de dégagement et de nettoyage en 1963 et 1964. En 1996, l’ARRCA, le propriétaire et la mairie engagèrent un chantier de revalorisation avec historiens, architectes et archéologues en vue d’une ouverture au public prévue pour l’été 1997 ; les fouilles ont permis la mise au jour de poteries, verres, pièces de monnaie, bijoux et autres vestiges. Près de 150 parchemins datés de 1260 à 1500, retrouvés vers 1914 par Jean-Roger Vente chez un fermier qui s’en servait comme allume-feu, sont aujourd’hui conservés aux archives du Gard après don de Béatrice Vente à la suite d’une demande du docteur Jean Pelet.
Le château est inscrit au titre des Monuments historiques depuis 1997 ; sont protégés le donjon, l’enceinte et la chapelle. Il appartient toujours aux héritiers de la famille Hérail de Brisis. L’accès au site fut perturbé en 2018 par des riverains revendiquant la propriété du chemin d’accès ; malgré une décision du tribunal d’Alès du 3 mai 2023 reconnaissant le caractère public du chemin, un appel a maintenu l’obstruction et, entre-temps, un pan de mur d’une dizaine de mètres s’est effondré, soulignant l’urgence des travaux. En mai 2025, confronté à cette situation et à l’impossibilité d’accès, Jean d'Hérail de Brisis fit hélitreuiller un échafaudage pour permettre à deux entreprises privées d’intervenir et consolider les murs du château.