Origine et histoire du Château de Brest
Le château de Brest est une forteresse composite, façonnée par des aménagements successifs pour répondre à l’évolution de l’art de la guerre. Implanté sur un éperon rocheux dominant l’embouchure de la Penfeld et la rade, il reprend en grande partie le tracé d’un castellum gallo-romain du Bas-Empire. Plusieurs vestiges de murailles romaines subsistent, enchâssés dans les courtines et certaines tours. Les structures visibles aujourd’hui résultent notamment d’importants chantiers des XVe et XVIIe siècles, qui ont mêlé éléments médiévaux et dispositions bastionnées adaptées à l’artillerie. Au cœur de l’ensemble, le donjon regroupe deux tours médiévales — la grosse tour dite Duchesse-Anne et la tour du Donjon — partiellement intégrées et reliées par des aménagements attribués à Vauban. La tour Duchesse-Anne, conçue comme logis seigneurial, conserve des aménagements résidentiels : celliers, cuisine à passe-plat, chambres, oratoire et latrines à chaque niveau. D’autres tours médiévales (Azénor, Madeleine, César, Paradis, etc.) forment le noyau seigneurial et ont été adaptées aux armes à feu par la modification des toitures, la création de banquettes et l’ouverture d’embrasures. À la seconde moitié du XVIe siècle, le bastion de Sourdéac enveloppant le donjon fut édifié pour recevoir de l’artillerie et abriter des casemates voûtées, complétant la protection contre une attaque terrestre. Vauban a ensuite réaménagé le château et ses abords en transformant des tours en plates‑formes d’artillerie, en casematant des souterrains et en ajoutant glacis, demi‑lunes, chemins couverts et fausse‑braie pour améliorer le flanquement. Au fil des siècles, le château a connu occupations, sièges et reconstructions et a conservé sa vocation militaire permanente. Transformé en citadelle de la place‑forte, il a été doté de casernes, d’ouvrages extérieurs et d’aménagements de garnison, dont plusieurs bâtiments ont été protégés au titre des Monuments historiques en 1923. Gravement touché par les bombardements et les combats de la Libération, l’édifice a subi la destruction de casernes et d’installations en cour, puis a fait l’objet de campagnes de restauration après la guerre. Transféré à la Marine en 1945, il accueille depuis 1953 la préfecture maritime de l’Atlantique et, depuis 1958, des collections du Musée national de la Marine installées dans les tours Paradis et le donjon. Les souterrains aménagés sous le château, notamment par l’occupant allemand, abritent aujourd’hui des états‑majors et services opérationnels liés à la mer, dont un centre opérationnel maritime et des composantes du commandement. Le site conserve aussi des traces et des mémoriaux de l’histoire maritime et scientifique, comme le monument dédié à l’expédition Lapérouse et l’inhumation des restes découverts à Vanikoro. Construit principalement en gneiss et granit, le château occupe environ cinq hectares et domine le goulet, la Penfeld et la rade, ce qui explique sa position stratégique pour le contrôle de l’accès maritime. Seuls le musée et les remparts sont aujourd’hui ouverts au public ; le reste de la citadelle demeure affecté à des services militaires et administratifs.