Origine et histoire du Château de Breuches
La demeure patronale dite « Château » s’inscrit dans un ensemble industriel développé autour d’une filature de coton fondée par Augustin Bezanson, autorisé par ordonnance royale le 1er juin 1828 à convertir son moulin en filature avec tissage mécanique. Une habitation patronale est attestée à l'ouest dès 1832. L'usine subit un incendie en février 1833, est reconstruite puis reprise par Joseph Bezanson, neveu du fondateur. Vers 1855, Paul et Charles Bezanson, autres neveux, créent un tissage au Val d'Ajol alimenté par les filés de Breuches ; Paul dirige la filature jusqu'à sa mort en 1893 sous la raison sociale P. et C. Bezanson, puis l'exploitation est poursuivie par ses trois fils sous la dénomination C. et G. Bezanson. La demeure patronale est détruite après 1890 et remplacée entre 1893 et 1898 par un nouveau logis entouré d’un parc et de dépendances comprenant écuries, remises, chenil, conciergerie et serre ; la reconstruction du logis aurait peut‑être fait appel à l’architecte parisien Sanson. À la charnière des XIXe et XXe siècles, l’atelier à étages est démoli et reconstruit en rez‑de‑chaussée plus à l’est, la filature produisant alors environ 320 tonnes de fil par an. Un nouvel incendie détruit de nouveau l’usine le 17 juin 1933 ; elle est reconstruite peu après. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’usine file des fibres de genêt. Vers 1950, la filature est cédée à la Société Textile de Breuches (maison‑mère à Oberbrück), puis reprise en 1957 par la Société cotonnière Doller ; la production atteint 326 tonnes en 1951, mais la filature ferme en 1960. Les bâtiments industriels sont vendus en 1965 à la société Gauthier de Vesoul, accueillent une tréfilerie, puis, à partir de 1975, la Société Industrielle de Bois ; après leur fermeture, la plupart des bâtiments industriels ont été démolis, la cheminée de 42 m ayant été abattue en septembre 2001. Le parc, la demeure patronale et ses dépendances ont été acquis en 1972 par une association qui y installe une maison d'enfants (aujourd'hui Alefpa) ; l’ensemble est inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1994. La centrale hydroélectrique, qui alimentait encore l'usine de tréfilerie jusqu'en 1973, a été remise en service par un particulier en 1987 et est toujours en activité ; trois turbines y ont été installées en 1988 pour une puissance totale de 260 kW. À ses débuts, la filature était animée par une roue hydraulique de 4,70 m de diamètre et de largeur ; en 1842 elle comptait 10 800 broches réparties sur 28 métiers et produisait 100 tonnes de fil. Le nombre de broches évolue ensuite à 15 000 en 1870 et en 1918, puis à 18 000 en 1930. Des installations à vapeur et des chaudières successives, autorisées par arrêté préfectoral tout au long du XIXe siècle, ainsi que l'apparition d'une usine à gaz pour l’éclairage en 1869, témoignent de l’évolution technologique de l’usine. L’emploi y varie également au fil du temps : 250 ouvriers en 1842, des effectifs mixtes d’hommes, femmes et enfants au XIXe siècle, 99 ouvriers en 1931 et 133 salariés en 1951.