Origine et histoire du Château de Bridiers
Ancien château de Bridiers, La Souterraine (Creuse), est une ruine de château-fort médiéval dont la pièce maîtresse visible est un donjon circulaire élevé au XIIIe siècle. Situé aux marches du Limousin, au carrefour d'anciennes voies gauloises et romaines, le site a connu de nombreuses opérations militaires : il fut pris par Henri II d'Angleterre en 1177 et par la bande du Captal de Buch en 1356. Le château dépendait à l'origine du comté de Poitiers ; une châtellenie est mentionnée dès le milieu du Xe siècle et la seigneurie accéda au rang de vicomté au XIIe siècle, devenant l'une des cinq grandes vicomtés du Limousin. Une première tour, érigée vers la fin du XIIe siècle et substituée aux mottes de Las Tours, s'écroula en 1202 selon les Chroniques de Bernard Itier ; le donjon actuel fut reconstruit par la suite aux XIIIe et XIVe siècles. L'ensemble primitif avait la forme d'un pentagone : quatre tours rondes flanquaient les angles saillants des courtines autour du donjon. Des vestiges subsistent aujourd'hui : contours de l'enceinte, un pan de muraille et le donjon intact en gros œuvre. Le donjon comporte quatre étages ; l'entrée se faisait au premier étage par une porte à arc brisé accessible par un pont-levis reposant sur un escalier isolé dans la cour. Du premier au troisième étage, les pièces communiquaient par un escalier à vis logé dans l'épaisseur des murs, et un escalier droit, lui aussi ménagé dans la maçonnerie, reliait le rez-de-chaussée au premier étage. Une petite tour voisine conservait vers 1860 des traces de peinture murale, vestige de l'emplacement de la chapelle. L'enceinte a été édifiée en plusieurs campagnes, l'appareil et l'épaisseur des murs variant selon les périodes. Après un incendie en 1655, Henry Pot fit refaire les parties hautes du donjon selon un marché de maçonnerie; aux XVIIIe siècle, la salle du premier étage a été surbaissée et divers marchés citent l'existence d'une maison et de deux granges dans la basse-cour, aujourd'hui disparues. Des descriptions du XIXe siècle signalent encore une toiture et une plate-forme avec parapet, mais l'édifice, inoccupé près de deux siècles, a subi de nombreuses dégradations : effondrement des hauts de tour, de voûtes et planchers, arrachement de marches et démolition du portail de la basse-cour à la fin du XIXe siècle. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 24 septembre 1968, la propriété a été rachetée par la commune et fait l'objet de travaux de dégagement et de restauration. Depuis 1994, un chantier d'insertion assure le dégagement de l'enceinte, des fouilles dans la basse-cour (fours, écuries, grange) et des reprises en maçonnerie des parties basses ; les premiers travaux de consolidation de la tour ont commencé au printemps 1997, la tour étant mise hors d'eau depuis 1984. Une campagne de restauration, conduite sous la direction des Monuments historiques, vise la mise en sécurité de l'ouvrage et son ouverture au public ; en 2019 le chantier restait en cours. Un jardin médiéval, conçu par Jean-Philippe Béguin avec les membres du chantier d'insertion et entretenu depuis 2008 par les services municipaux, agrémente le parterre du château ; à partir de 1999, un troupeau de chèvres du Rove participe à l'entretien du site. Le site est ouvert au public toute l'année, accessible par la route ou par une promenade depuis l'étang du Cheix ; l'accès au domaine est gratuit, la montée à la tour est gérée par la municipalité et payante, la tour n'étant pas adaptée aux personnes à mobilité réduite. Chaque 14 juillet le site accueille un spectacle pyromusical; une grande fresque historique annuelle met en scène plus de vingt-cinq tableaux, environ cinq cents bénévoles et acteurs, quelque 2 500 costumes et des décors à l'échelle du château pour près de 2 000 places en gradins, et des expositions artistiques sont présentées en juillet et août. Des toilettes sèches sont implantées près du jardin médiéval.