Origine et histoire du Château de Brûlon
Le site archéologique du château de Brûlon, situé à Brûlon dans la Sarthe, présente une occupation continue de l'époque gauloise et gallo-romaine jusqu'à la fin du Moyen Âge, avec une importante nécropole du haut Moyen Âge. La motte féodale et ses douves sont inscrites aux monuments historiques depuis le 2 novembre 1995. Au sommet de la butte, à 104 mètres d'altitude, subsiste un plateau arasé d'environ 80 mètres sur 40, résultat des multiples campagnes de construction et de démolition. Les dernières douves ont été comblées en 1960 ; des logements sociaux édifiés en 1960 ont été détruits en 1984. Un panneau explicatif, placé en bordure du parking à l'ouest de la motte, à l'angle de la rue du Pavé et de la rue de la Douve, résume les résultats des fouilles, et une copie d'un mât de télégraphe marque l'emplacement de la première expérience.
Les premières fouilles, menées en 1774 lors de la destruction du château médiéval par son propriétaire Chénon du Boullay, ont mis au jour une nécropole d'environ 150 sarcophages en pierre de falun, probablement mérovingiens ; quelques sarcophages en grès ont été découverts et certains objets réemployés dans l'église de Brûlon. Une nouvelle campagne de fouilles en 1983, liée à un projet de construction, a confirmé l'intérêt du gisement et révélé un mille-feuille archéologique allant des Celtes au XXe siècle. Les sondages ont notamment mis au jour deux murs gallo-romains qui évoquent l'existence d'une villa, tandis qu'une occupation celtique antérieure est considérée comme probable et liée à la cité gauloise des Arviens.
La motte féodale constitue le noyau primitif du bourg de Brûlon, installé au croisement de deux voies romaines dont celle de Tours à Jublains ; sa position élevée et sa ceinture d'eau en faisaient un site de défense et d'observation. Aux Xe-XIe siècles, un château en bois puis en pierre est implanté sur la motte ; il est démantelé pendant la guerre de Cent Ans et définitivement rasé en 1774. Au XIIIe siècle, Chénon du Boullay fait édifier une grande demeure à la place du château médiéval, siège de la première expérience de télégraphe ; cette demeure est incendiée par les Vendéens en 1793, puis remplacée par une maison bourgeoise construite par M. Guérin, encore appelée "château" jusqu'au XXe siècle.
Au XXe siècle la maison bourgeoise est détruite pour laisser place en 1960 à vingt logements HLM, les douves sont comblées et ne subsistent que sous forme de toponymie ; les opérations de 1983 ont conduit à la reconnaissance scientifique du site et à son inscription aux monuments historiques en 1995. Aujourd'hui, l'aménagement se limite à un petit parking, au panneau explicatif et à la réplique du mât de télégraphe, tandis que le site conserve un fort potentiel pour des études archéologiques modernes et approfondies.
Le lieu est aussi associé aux frères Chappe et à leurs expériences : Claude Chappe et ses frères se réfugient à Brûlon et y mènent des expériences scientifiques ; la première expérience publique de transmission à distance entre le château de Brûlon et Parcé, distante de 14 km, a été réalisée le 2 juin 1791 et a fait l'objet d'un rapport officiel. Un vol en ballon réalisé par les frères Chappe, attesté le 16 octobre 1784 dans le registre d'état civil tenu par l'abbé Beucher, est également mentionné. Parmi les personnalités liées au site figurent André de Craon, seigneur de Brûlon, Bouchard de Brûlon et son fils Geoffroi, Chénon du Boullay, M. Guérin, les frères Chappe, et plus tard des acteurs municipaux comme Constant Cordier, qui ont contribué à l'organisation du bourg autour de la motte.