Origine et histoire du Château de Buzancy
Le château de Buzancy se trouve sur la commune de Buzancy, dans les Ardennes. Seuls subsistent aujourd’hui quelques bâtiments de service : un pavillon d’entrée, les bouveries, les écuries et la pièce d’eau dite de la Samaritaine. Un château à Buzancy est mentionné dès 1192; il devient, dans la seconde moitié du XVIe siècle, la propriété des d’Anglure de Bourlémont puis des Talaru. Saisie puis adjugée en 1756 à Pierre-Guillaume Tavernier de Boullongne, la demeure est modernisée par l’architecte Claude Baccari, qui fait raser l’ancien château fort en ne conservant que fossés, fondations et caves pour édifier un château moderne dont les communs en fer à cheval subsistent. En 1781, Tavernier de Boullongne vend la propriété au fermier général Jacques-Mathieu Augeard. Le château subit un incendie en novembre 1784 puis est reconstruit entre 1787 et 1790 par l’architecte François-Joseph Bélanger. L’ensemble comprenait alors une soixantaine de pièces réparties en nombre d’appartements, salons, une chapelle, une salle de bains, une salle de billard, une salle de théâtre et une réplique de la galerie des Glaces côté parc. Bélanger redessine la prairie en parc à la française, parsemé de statues parmi lesquelles le groupe de la Samaritaine, face à une pièce d’eau d’environ 700 mètres de long. Augeard est incarcéré pendant 136 jours durant la Révolution, puis libéré ; il rejoint Buzancy avant d’émigrer à Bruxelles et Coblence. Le château est déclaré bien national le 8 mai 1792 et, en septembre-octobre 1792, y séjournent des princes étrangers et le roi de Prusse. De retour après le 18 brumaire, Augeard meurt à Paris en 1805; un incendie grave a lieu la même année et le château est finalement détruit en 1808. Le « petit Versailles » de village disparaît; le parc redevient pâturage et il ne subsiste des ornements que le nom de la Samaritaine associé au plan d’eau, dont l’extrémité ouest reçoit aujourd’hui des aménagements touristiques. Les édifices survivants — le pavillon d’entrée, la bouverie, les écuries et la pièce d’eau — ont fait l’objet de protections au titre des monuments historiques en 1982, 1986 et 2010, et ont été inscrits en 1982. Une association, Les Amis du château d’Augeard, s’est créée en 2021 pour la sauvegarde et l’animation du site (chataugeard.com). Les bouveries servent aujourd’hui de haras et de maison du cheval ardennais, tandis que les écuries restent à remettre en état. Ces deux édifices, construits selon un plan en hémicycle rappelant les écuries de Versailles, présentent sur leurs façades sur cour un beau bossage en table ; leurs ouvertures alternent portes étroites, fenêtres à linteau en arc segmentaire et grandes portes cochères, et des lucarnes en pierre ornent les combles.