Origine et histoire du Château de Campan
Le château de Campan, domaine composé d'un château fortifié et d'une ferme, présente une architecture complexe résultant d'adaptations successives sur des vestiges médiévaux ; un linteau réemployé porte la date de 1671, mais la construction est certainement antérieure. L'ensemble comprend une tour ronde abritant un escalier en vis, un bâtiment carré couvert en pavillon, des dépendances à l'est, un bâtiment flanqué d'une tour ronde en encorbellement, des corps résidentiels séparés par un mur épais et chacun flanqués d'une tourelle en encorbellement, ainsi qu'une tour barlongue au sud, qui contient le grand escalier et porte en son angle nord‑est une tourelle encorbelée. Certaines pièces conservent des cheminées. Le plan compliqué du château semble provenir de l'adaptation d'habitations aux structures d'un ancien château‑fort. Le plan cadastral de 1840 montre une grande cour au sud ; l'accès oriental était fermé par un mur de clôture percé d'un portail appuyé contre un bâtiment parallèle au château, que la tradition attribue à une chapelle, et la cour était bordée à l'ouest par un long bâtiment agricole perpendiculaire. L'occupation du site pourrait remonter à la deuxième moitié du XIIIe siècle ou au XIVe siècle : une tour ronde au nord‑ouest, protégée par des fossés en eau, est percée d'archères très longues datables de cette période, et si cette tour était liée à un corps de bâtiment, il s'agirait d'un édifice plus ancien que celui qui se trouve aujourd'hui à l'est. Certaines sources plus anciennes évoquent même une construction au XIe siècle, et la présence de dolmens, d'un menhir et de pierres dressées indiqués sur la carte IGN atteste une occupation très ancienne ; la tradition locale attribue par ailleurs parfois le site à l'Ordre du Temple. Les documents connus ne remontent pas jusqu'à ces périodes anciennes : la première mention de la famille de Citton (Guillaume) apparaît au milieu du XVIe siècle et, dans le compoix de 1592, Jean‑Philippe de Citton, protestant, est cité comme seigneur de Campan. Un corps de logis flanqué d'une importante tour rectangulaire au nord‑est est vraisemblablement élevé dans le dernier quart du XVIe siècle ; il comporte une pièce par niveau, la cuisine au rez‑de‑chaussée donnant sur une cave creusée dans le rocher, la grande salle à l'étage et des chambres aux niveaux supérieurs et dans la tour. L'élévation occidentale de la cuisine conserve une bouche à feu dirigée vers l'extérieur, montrant l'emprise initiale de la maison forte et l'absence de construction à l'ouest ; les encadrements d'ouvertures présentent un large chanfrein et un cavet, le linteau porte une pointe d'accolade sculptée, et les piédroits des cheminées comportent des pilastres cannelés adossés à des chapiteaux doriques, sommé d'un arc segmentaire à clé saillante. Il faut peut‑être attribuer à cette campagne la mise en défense de la partie haute de la tour et l'aménagement de quatre bretèches. Une importante campagne d'agrandissement a lieu dans la première moitié du XVIIe siècle, sans doute liée à l'alliance de Marquise, héritière de la maison de Citton, avec Guillaume de Saïx de Paulignan en 1636 : le logis est prolongé vers l'ouest par une unité rectangulaire flanquée d'une tourelle en encorbellement au sud‑ouest et reliée à la tour ronde par une construction au nord‑ouest, ce qui établit un système défensif cohérent dans la partie occidentale. La tourelle est armée de bouches à feu et, au deuxième étage, un dispositif en encorbellement avançait devant l'élévation en retrait pour ménager l'espace d'un chemin de ronde reliant probablement la tourelle à la tour ; ce dispositif a été détruit. Côté nord, la porte du premier étage de la tour donnait vraisemblablement sur une galerie extérieure permettant de rejoindre la grande salle par deux portes extérieures. Le logis reçoit alors une tour d'escalier barlongue à rampe‑sur‑rampe munie d'une entrée monumentale au sud, avec une porte en arc plein cintre à claveaux à crossettes et appareil en bossage ; cette unité est pourvue de nombreux points de surveillance et de défense, bouches à feu et logettes intérieures couvrant les directions est, sud et ouest, et d'une bretèche protégeant l'entrée. L'entrée est complétée par un pavillon d'accès associé à une tourelle sur trompe en angle nord‑est, à la fois décorative et défensive. La campagne de travaux se clôt par l'agrandissement vers le sud‑est d'une nouvelle unité d'une pièce par niveau, en retour contre la tour barlongue, flanquée d'une tourelle en encorbellement dotée de bouches à feu battant nord‑est et sud‑est. Ces travaux sont suivis de la construction de deux corps de bâtiments à l'ouest et à l'est de la cour ; le bâtiment adossé à l'entrée orientale porte la date de 1666 sur un linteau et l'édifice agricole de 1671 sur un autre linteau, dates réemployées selon la tradition. La date de 1671 correspond également au mariage de Jean de Saïx avec Jeanne du Poncet et un blason retrouvé dans des dépendances associe les armes des familles du Poncet et de Saïx. Le château demeure environ un siècle dans la famille de Saïx de Campan avant de passer par alliances à la famille de Bedos, originaire de Puylaurens ; Marguerithe de Saïx épouse en 1703 André de Bedos et leur fils Jean‑Gaston porte le titre de seigneur de Campan et de Paulignan. La petite‑fille héritière Lucie‑Alexandrine Dominique de Bedos‑Campan épouse en 1805 Jean‑Eloy Fortuné de Peytes de Montcabrier ; veuve, elle met le domaine en vente et le cadastre de 1841 recense comme propriétaire la famille de François‑Xavier d'Aussillous. En 1882 le château est déclaré en ruines. Des bâtiments nouveaux sont établis contre l'élévation nord du corps de logis, avec un four et d'autres dépendances au rez‑de‑chaussée, et des constructions agricoles sont édifiées probablement dans la seconde moitié du XIXe siècle à l'est, ouvrant une nouvelle entrée ; deux anciens bâtiments bordant la cour et l'entrée originelle ont été démolis dans la seconde moitié du XXe siècle. Les façades et les toitures du château ont été inscrites sur la liste supplémentaire des Monuments Historiques le 17 mai 1961 ; les toitures et couronnements de murs ont été uniformisés, privilégiant des génoises à trois rangs et des tuiles. Depuis quelques années, le propriétaire a entrepris de restituer des éléments originels du site, notamment des fossés en eau et des bouches à feu.