Origine et histoire du Château de Canon
Le château de Canon, situé sur le territoire de l'ancienne commune de Mézidon-Canon dans la commune nouvelle de Mézidon Vallée d'Auge (Calvados, Normandie), est classé au titre des monuments historiques. Il se trouve dans l'ouest du pays d'Auge, à vingt kilomètres à vol d'oiseau au sud‑ouest de Caen ; le parc est traversé par le Laizon. La seigneurie de Canon appartint au Moyen Âge à Eudes de Canon puis passa, par alliances et successions, aux familles Franqueville et Sarcilly avant d'échoir à Jean Le Sueur. Vers 1610, Jean Le Sueur fit probablement bâtir le château dit Bérenger, vestige du premier château de Canon. La seigneurie évolua ensuite au fil des transmissions ; au début du XVIIIe siècle Robert de Bérenger, protestant, vendit le domaine à bas prix à Pierre de La Roque, receveur des tailles de Valognes, qui fit construire une nouvelle demeure, creusa la pièce d'eau et entreprit la plantation des avenues. À la mort de Robert de Bérenger en 1738, son héritier fut son neveu Jacques Robert Morin du Mesnil ; la fille aînée de celui‑ci, Anne‑Louise Morin du Mesnil, épousa en 1760 Jean‑Baptiste‑Jacques Élie de Beaumont. Élie de Beaumont contesta la vente de 1727 ; après une procédure de quatre ans, soutenue notamment par son ami Voltaire, le couple obtint gain de cause en 1768 et engagea d'importants travaux qui épuisèrent sa fortune et entraînèrent la vente des meubles en 1786. Jean‑Baptiste Élie de Beaumont, très apprécié dans la région, mourut en 1786 ; son petit‑fils Léonce Élie de Beaumont se fit connaître comme co‑auteur de la carte géologique de France. Le domaine créé et entretenu par la famille de Beaumont est parvenu presque intact jusqu'aux descendants actuels, la famille Delom de Mézerac, malgré révolutions et guerres. Le château subit de sérieux dommages pendant la Seconde Guerre mondiale : en juin 1944 il servit d'hôpital allemand puis reçut des troupes d'une division blindée ; les grands arbres du parc le protégeaient du repérage aérien. Les Beaux‑Arts reconstruisirent la ferme nord, victime d'une bombe américaine, tandis que d'autres dépendances furent réquisitionnées en 1945 pour loger des réfugiés chargés de restaurer les voies ferrées. Dans le cadre des dommages de guerre, certaines maçonneries ruinées avant le conflit furent intégrées aux travaux de rénovation. Le château présente un parti "à l'Italienne" et s'inscrit dans un parc et des jardins de style franco‑anglais. La grille d'entrée et le kiosque dit chinois, achetés en 1781 par Jean‑Baptiste Élie de Beaumont à l'architecte Nicolas Lenoir, proviennent de l'ancien château des Ternes à Paris. Le château, ses communs, sa ferme, ses chartreuses, les avenues d'accès, le parc et leurs statues, les restes du château de Bérenger, le temple de la Pleureuse, le kiosque chinois, le colombier et la fontaine dite de Target sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 11 juin 1941. Les jardins, labellisés "jardins remarquables", comprennent treize jardins clos de murs appelés chartreuses qui abritent des centaines de variétés de fleurs et sont ouverts au public. Ils ont reçu plusieurs prix et aides : premier prix de sauvegarde décerné en 1985 par l'association Vieilles Maisons Françaises, un premier prix de la Fondation des Parcs et Jardins de France en 1987, une aide après la tempête de 1999, et le premier prix de la Compagnie Art du Jardin en mai 2000. Le château, son parc, ses jardins, l'intérieur et les dépendances sont ouverts à la visite depuis 1982 ; en 2021 il a accueilli environ 25 000 visiteurs, chiffre à confirmer. Parmi les éléments remarquables visibles en visite figurent les fabriques du parc, plusieurs bustes, l'ancien colombier, une sculpture dans une chartreuse et le kiosque chinois.