Origine et histoire du Château de Carheil
Le château de Carheil, situé à Plessé dans le département de la Loire-Atlantique, a été détruit par un incendie au début de janvier 1945. Il se trouvait dans un domaine forestier aujourd’hui transformé en résidence privée, le Domaine de Carheil, à environ 3 km au sud‑ouest du bourg de Plessé, lui‑même à 45 km au nord‑ouest de Nantes. Le dernier château, attribué au XIXe siècle au prince de Joinville, fils de Louis‑Philippe, a disparu ; seule la chapelle subsiste et peut être visitée lors des Journées européennes du patrimoine. La chapelle, édifiée sous le prince de Joinville, possède des vitraux réalisés par la manufacture de Sèvres d’après des dessins d’Ingres.
La première mention de Carheil apparaît au début du XVe siècle avec Jeanne de Carheil, qui épousa en 1407 le chevalier Guillaume Giffart. Au XVIe siècle, la lignée se poursuit : en 1511 Guillaume de Carheil épouse Jeanne Spadine, leur fils François épouse Aline le Bourg en 1555 et leur descendance comprend notamment Michel, Julien, Olivier (marié à Marie Bidé de Launay) et Guillaume (marié en 1607 à Jeanne du Cambout).
En 1619 la seigneurie passa à la famille du Cambout de Coislin par le mariage de la fille de Michel de Carheil avec Jérôme du Cambout de Coislin, chevalier et gouverneur des châteaux de Rhuys et de Suscinio, membre d’une branche cadette de la maison du Cambout. Leur fils René épousa en 1649 Jeanne, fille de Jacques Raoul de La Guibourgère, et par lettres royales du 14 juillet 1659 la terre de Carheil fut érigée en vicomté et enregistrée au Parlement de Bretagne. René du Cambout fit remplacer l’ancien château fort par un édifice de style Louis XIII, composé d’un grand corps de logis flanqué de deux pavillons doubles ; les travaux, conduits d’après des plans de l’architecte Gilles Corbineau par l’entrepreneur Pierre Poirier, se déroulèrent de 1659 à 1668. Le château resta la propriété de la famille du Cambout de Coislin pendant six générations, de 1619 à 1842.
Ruiné à la suite des événements de 1832, le dernier membre de cette famille vendit le domaine en 1842 au prince de Joinville, qui fit remanier l’ensemble, appliqua un crépi imitant des rangées de briques, fit aménager une terrasse le long du cours de l’Isac et fit édifier la chapelle dont les vitraux proviennent de la manufacture de Sèvres d’après des dessins d’Ingres. Après la révolution de février 1848, le domaine fut vendu le 25 janvier 1853 à Madame Pauline de Guaita, épouse de Jean‑Baptiste Robert de Mesny ; il passa ensuite à leur fille Adèle de Mesny, épouse du baron Charles‑Maurice Gourlez de La Motte.
Au XXe siècle, en 1923, Anne de la Motte (née Anne de Montaigu) vendit la terre de Carheil au comte Jacques Armand et à son épouse née Levesque du Rostu, dont les familles étaient établies dans plusieurs châteaux de la région. La propriété fut revendue en 1943 à M. Lefièvre‑Binet, les occupants conservant la jouissance du château jusqu’à la fin des hostilités. Détruit par l’incendie de janvier 1945, le château n’a pas été reconstruit ; la chapelle demeure le seul élément intact du domaine et reste accessible au public lors des journées du patrimoine.