Origine et histoire du Château de Carles
Le château de Carles se situe à Saillans (Gironde), le long de la route départementale D 18E1 au nord du bourg. Les témoignages et les vestiges témoignent de plusieurs campagnes de construction : certaines sources attribuent l'édifice au XVIe siècle, construit par la famille des Carles, tandis que d'autres évoquent un développement du site dès le début du XIVe siècle, marqué par des éléments défensifs médiévaux. L'ensemble présente un plan en L, avec un corps de logis principal et, à l'angle ouest, une aile. La structure semble résulter de deux phases distinctes : un corps de bâtiment accompagné d'une tour ronde, puis des adjonctions à l'est comprenant des mâchicoulis, une tour ronde nord-est et une tour-pavillon carrée à contreforts, couronnée d'un chemin de ronde crénelé. Sur la façade nord subsistent de grosses tours rondes percées de meurtrières, tandis que la façade sculptée est d'époque plus récente. À l'origine, le domaine comprenait une vaste cour entourée de communs, une chapelle, un pigeonnier, une glacière, des parterres et de grands arbres dessinant allées et quincunces ; ces dépendances ont été largement démolies après la Révolution. Le site a joué un rôle durant la guerre de Cent Ans et connut des épisodes militaires importants, mentionnés par les récits de l'époque. La famille des Carles, grande famille bordelaise, a laissé plusieurs personnages notables, dont des chanoines et magistrats ; Lancelot de Carles, évêque de Riez et poète familier de la Pléiade, y figure parmi les plus connus. Au XVIe siècle la demeure perdit progressivement sa fonction militaire et se fit une réputation intellectuelle et littéraire : le château a notamment accueilli Montaigne et La Boétie, et Marguerite de Carles, veuve d'Étienne de La Boétie, en hérita en 1567. Le domaine passa ensuite à d'autres familles, puis, au XVIIIe siècle, revint au comte de Saujon ; sa petite‑fille Marie‑Charlotte Hippolyte de Campet de Saujon, épouse du comte de Boufflers, y anima un cercle mondain et intellectuel réputé. À la Révolution le château et ses dépendances furent vendus comme biens nationaux et en grande partie rasés par le nouveau propriétaire, qui transforma l'essentiel en vignoble. À la fin du XIXe siècle, Guillaume Chastenet de Castaing racheta la propriété et entreprit des restaurations intérieures, décorant notamment deux pièces de carreaux de faïence provenant de maisons démolies en Tunisie et au Maroc, et aménagea la terrasse sud en y plantant des cyprès. Les travaux se sont poursuivis entre les deux guerres par Jacques Chastenet ; les générations suivantes ont concentré leurs efforts sur l'amélioration du vignoble et de la vinification. Le parc et le jardin complètent encore aujourd'hui le cadre du château, qui fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 18 décembre 1991.