Origine et histoire du Château de Castanet
Le château de Castanet, immeuble dit, offre un exemple d'architecture cévenole de la deuxième moitié du XVIe siècle. Il se trouve sur la commune de Pourcharesses, en Lozère, à proximité de Villefort, dans une zone traversée par le chemin de Régordane et par la via Soteirana. Le toponyme Castanet renvoie au châtaignier, arbre dominant du secteur. Aujourd'hui, le château se trouve en bordure du lac artificiel de Villefort, créé lors de l'établissement du barrage, qui a failli entraîner sa disparition.
La terre de Castanet dépendait au Moyen Âge des seigneurs pariers de la Garde-Guérin, chargés de la police de la route de Nîmes à Clermont, et ses propriétaires étaient vassaux de l'évêque de Mende tout en relevant du diocèse d'Uzès. L'origine de la manse de Castanet remonte au XIIIe siècle, et elle relevait de la paroisse Saint-Victorin-de-Villefort ainsi que de l'abbaye de Saint-Gilles. Jusqu'en 1550 la manse fut reçue en héritage et conserva le droit d'être parier de la Garde-Guérin ; Robert Brun en fut le possesseur à partir de 1550 et le vendit le 14 décembre 1571 à Jacques d'Isarn de Villefort.
Jacques d'Isarn fit construire l'année suivante le manoir de Castanet, qui fut ensuite agrandi et embelli par ses descendants. Le blason qu'il fit réaliser — d'azur à une fasce d'or accompagnée en chef de trois besants et en pointe d'un croissant, le tout d'or — orne la cheminée. Vers 1684, Jacques-Joseph d'Isarn épousa Marie-Suzanne de Varicourt, dite marquise de Villefort, qui devint sous-gouvernante des enfants de France et eut notamment charge de l'éducation du futur Louis XV ; sa belle-fille prit ensuite en charge l'éducation des futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
En 1760, Jean-Louis Baldit, avocat à Villefort, acquit le château et ses dépendances, puis le vendit en 1784 à Victorin Bonnet-Ladevèze, juge à Villefort. Après la Révolution, le bien fut vendu comme bien national à Théodore Borrely et Joseph André de Villefort suite à l'émigration de son ancien propriétaire. Joseph Piton acheta le château en 1932 et il demeura propriété familiale jusqu'aux années 1960.
L'étude menée en 1956-1957 pour la construction du barrage de Villefort mena à la menace d'engloutissement du monument, mais son inscription à l'inventaire des monuments historiques en 1964 empêcha sa destruction. EDF confia ensuite le site au syndicat intercommunal Villefort-Pourcharesses-Prévenchères ; le château accueillit des expositions d'art jusqu'en 1992, puis des expositions consacrées à la photographie de 1993 à 1995 et des présentations sur la vie locale de 1900 à 1950 en 1997. Un incendie dévasta le château en mars 2000 ; sa restauration, achevée en 2006, a permis la reprise des visites guidées et des expositions organisées par la communauté de communes.
De plan rectangulaire, l'édifice est flanqué de quatre tours — trois rondes et une tour barlongue abritant l'escalier — et chacune devait comporter des canonnières, pour la plupart disposées en flanquement. De la tour sud-est partait un élément de courtine reliant un ouvrage avancé, probablement une poterne aboutissant à mi-hauteur de l'escarpement et donnant accès à la rivière ; d'autres dépendances entouraient la cour.