Période
XVIIe siècle, limite XVIIIe siècle XIXe siècle, 3e quart XXe siècle
Patrimoine classé
Les façades et toitures des deux pavillons d'entrée et du château avec leurs colonnades ; la colonnade ellipsoïdale en partie effondrée ; la salle à manger avec son décor à l'antique ; la galerie décorée par Picasso (cad. B 561) : classement par arrêté du 4 novembre 1983 - L'ensemble du sol du domaine avec les fabriques, en totalité (cad. B 4, 6, 7, 13, 16, 512, 513, 540, 561 à 563, 567, 610, 612, 713, 729, 736, 773, 863 à 865, 873) ; les façades et les toitures de la ferme et des chapelles (cad. B 514, 517, 545, 717, 746, 761, 762) : inscription par arrêté du 30 juin 2006
Origine et histoire du Château de Castille
Le domaine de Castille, à Argilliers dans le Gard, est une bastide du XVIIe siècle transformée à la fin du XVIIIe siècle par Gabriel-Joseph Froment, baron de Castille, qui remania le vieux château à l'antique et installa de nombreuses fabriques dans le parc. Le site se situe à proximité du Pont du Gard. La seigneurie d'Argilliers est érigée en baronnie en 1748 ; Gabriel-Joseph de Froment hérite de cette baronnie en 1773. Né en 1747 et décédé au château en 1826, le baron effectua plusieurs voyages en Europe avant de s'installer définitivement et manifesta un goût prononcé pour les colonnes, inspiré notamment par Paestum, la Villa d'Hadrien et les villas palladiennes. Membre de sociétés savantes et artistiques, il amorça en 1785 un remaniement du château, ajoutant des tours d'angle, une colonnade et des balustrades, puis aménagea à partir de 1788 un jardin divisé en sept allées rayonnantes. Arrêté et emprisonné en 1794 à Uzès, il vit son château pillé et sa bibliothèque incendiée ; sa première épouse, Épiphanie du Long, meurt le 25 avril 1794 et son fils aîné Édouard trouve la mort à la bataille d'Essling à l'âge de 19 ans. À sa libération il reconstitua sa fortune et, après son remariage en 1809 avec Herminie de Rohan-Guéméné, poursuivit d'importants travaux décoratifs et architecturaux. Il entoura la propriété de colonnes d'ordre toscan, éleva des fabriques monoptères, kiosques, ermitages, bassins et puits formant autant de perspectives soigneusement disposées dans le parc, et y érigea aussi des monuments commémoratifs dédiés à son épouse et à son fils. En 1806 il fit dresser une colonnade circulaire dite « des colonnes de l'olivier de la paix », édifia un kiosque-pagode en tholos évoquant la tour Fénestrelle d'Uzès, puis la chapelle Saint-Louis en 1814 ; sa production de fabriques se poursuivit jusqu'en 1824, avec notamment une pyramide-cénotaphe dédiée à la comtesse d'Albany. Pour faire connaître son parc, il fit graver des vues du domaine en 1812, 1820 et 1823. Le château resta dans la famille, puis passa à Edmond de Seguins-Cohorn de Vassieux et à ses descendants avant d'être vendu en 1924 à Paul Grousset lors d'une procédure judiciaire. Le château et sa colonnade furent classés en 1927, puis les deux chapelles et la tour campanile furent inscrites en 1929, mais dès cette période une partie des fabriques fut cédée à un acheteur américain et un ouragan fit chuter des colonnes la même année. Au début des années 1930 Paul Grousset signala l'état de délabrement et évoqua la vente de monuments et d'arbres du parc ; le château fut déclassé en 1935 et la plupart des fabriques furent pillées, effondrées ou dispersées, certains éléments se retrouvant dans des collections ou remontés ailleurs. Vers 1950 le domaine fut acquis par le collectionneur britannique Douglas Cooper, qui y installa sa collection et fit entreprendre des campagnes de restauration à partir de 1962. En 1962 Picasso grava à la meule sur une surface en béton de la loggia un dessin inspiré du Déjeuner sur l'herbe de Manet et de L'Enlèvement des Sabines de David. Le domaine fut acheté en 1977 par Nicolas et Hélène de Bikhovetz, qui le restaurèrent et l'entretenurent pendant quarante ans ; le château a ensuite été mis en vente en 2016. Au titre des protections, les façades et toitures des deux pavillons d'entrée et du château avec leurs colonnades, la colonnade ellipsoïdale en partie effondrée, la salle à manger décorée à l'antique et la galerie ornée par Picasso ont été classées monuments historiques le 4 novembre 1983. L'ensemble du sol du domaine avec ses fabriques, ainsi que les façades et toitures de la ferme et des chapelles, a été inscrit le 30 juin 2006. Le vieux château présente un corps rectangulaire cantonné de tours rondes auquel le baron a ajouté des colonnes ; il est précédé de deux bâtiments symétriques entourés de colonnades. Parmi les éléments encore visibles figurent notamment la colonnade d'entrée, qui rappelle la place Saint-Pierre à Rome, et le cimetière du domaine où se trouve le cénotaphe élevé en mémoire du fils aîné du baron. Les principales études et publications sur le domaine comprennent des travaux de Jean Tricou, Monique Mosser et Dominique Massounie, Catherine Chomarat Ruiz, ainsi qu'un ouvrage de Thierry Seguins-Cohorn et Pierre Marie Deparis. Des ressources en ligne (Mérimée, Structurae, VIAF) et plusieurs articles de presse, dont des contributions du Monde et de Midi Libre, complètent la bibliographie et fournissent des notices et illustrations du domaine.