Origine et histoire du Château de Cazilhac
Perché sur un éperon qui domine les gorges et la vallée de l'Orb, le château de Cazilhac repose sur un site fortifié sans doute très tôt occupé, peut‑être dès les XIIe ou XIIIe siècles, et dépendant des moines de l'abbaye bénédictine de Joncels. L'abbaye, citée dès 851, utilise ce point pour surveiller et mettre en valeur la vallée par la viticulture ; la maison forte ainsi édifiée constitue le noyau du château visible aujourd'hui. La région subit les ravages des grandes compagnies pendant la guerre de Cent Ans : Cazilhac est occupé et pillé en 1370, et les épidémies de peste (notamment en 1348 et en 1465) contribuent à son déclin. Acquis en 1512 par la famille de Peyrottes, le site est rebâti au cours du XVIe siècle et élevé au rang de seigneurie. Les troubles des guerres de religion entraînent le rasement du château en février 1627 sur ordre du duc de Montmorency ; les Peyrottes le reconquièrent et le reconstruisent, puis conservent la propriété jusqu'à la Révolution. Après des remaniements administratifs, le hameau et le château intègrent successivement les communes de Camplong puis, à partir de 1844, Saint‑Martin‑d'Orb (aujourd'hui Le Bousquet‑d'Orb). Au XIXe siècle, l'économiste Michel Chevalier, alors propriétaire, fait transformer l'exploitation viticole et réalise d'importants travaux d'adduction d'eau, avec la construction d'un aqueduc vers 1851 et l'installation de pompes notées pour leur capacité dans la presse agricole de 1879. À sa mort, le domaine passe par mariage à la famille Leroy‑Beaulieu.
Le château occupe une forme allongée sur son éperon et domine des jardins en terrasses avec un parterre à la française qui surplombent prairies et vignes. La façade principale donne sur une cour autrefois entourée de hauts murs et aujourd'hui largement ouverte par le percement de deux arcades ; elle est cantonnée de tours d'angle (rondes sur la façade principale, tandis que d'autres descriptions signalent des tours carrées ailleurs) et pourvue de meurtrières‑canonnières. L'accès se fait par un terre‑plein à l'ouest et, au sud, des terrasses étagées descendent vers le paysage. La façade nord, plus haute et plus austère, semble représenter la partie la plus ancienne, avec deux massifs carrés en avant‑corps. À l'intérieur, les pièces du rez‑de‑chaussée sont voûtées d'arêtes ; au deuxième étage subsiste un salon Louis‑XVI doté d'une cheminée rocaille avec trumeau mi‑miroir, mi‑peint. L'ensemble conserve des souvenirs liés à Michel Chevalier et au saint‑simonisme, ainsi que des bases et vestiges de baies attestant de l'ancienne maison forte.
Des démantèlements et reconstructions se succèdent (notamment au XVIIe siècle après l'intervention de Richelieu) ; d'importantes restaurations menées au début du XXe siècle ont respecté l'aspect originel du monument. L'aqueduc, vraisemblablement construit dans la première moitié du XIXe siècle, conduit les eaux de l'Orb à raison de 150 litres par seconde ; il est bâti en calcaires, galets et moellons liés au mortier et fait l'objet d'un recensement à l'Inventaire général du patrimoine culturel. Le château et ses jardins font partie du Conservatoire des jardins et paysages, la cour et les terrasses étant ouvertes à la visite. Les façades, les toitures et les terrasses du jardin ont été inscrites au titre des monuments historiques le 9 avril 1987.