Origine et histoire du Château de Cénevières
Le château de Cénevières se dresse sur un rocher à pic, au sommet d'une falaise, dans la commune de Cénevières, parc naturel régional des Causses du Quercy (Lot). Selon la tradition, il appartenait à Waïffe, duc d'Aquitaine, et aurait joué un rôle dans la guerre de ce prince contre Pépin le Bref. L'ensemble montre des bâtiments irréguliers flanqués de tours et de terrasses, reliés par un mur ancien qui reliait jadis les écuries à la tour dite de Gourdon, peut‑être l'ancien donjon. Devant l'entrée se trouve un bâtiment carré, appelé corps de garde ou poterne, qui porte la date de 1585. Les ouvertures gothiques ont été remplacées par de larges croisées de la Renaissance et des lucarnes ont été percées dans les murailles. Une galerie à colonnes longe, à l'extérieur, le grand salon, et un appartement conserve des peintures murales à fresque représentant notamment la chute d'Icare, le char du soleil, la légende d'Astyanax et l'enlèvement d'Hélène. Dès le XIIIe siècle, des éléments du château sont attribués aux La Popie, qui possédaient la « villa » de Cénevières mais relevaient de la moitié de la seigneurie de Saint‑Cirq, héritée par les Gourdon. En 1259, Gaillard de La Popie est attesté comme vassal de Fortanier de Gourdon pour le fief qui semble être Cénevières, acquisition résultant d'alliances entre Gourdon et Laroque. En 1285 Bertrand de La Popie est dit résider à Cénevières, et au XIVe siècle plusieurs membres de la famille se partagent la seigneurie ; en 1341 Aymeric et Bernard obtiennent le droit d'ériger des fourches patibulaires et Bernard reçoit l'autorisation papale de créer une église paroissiale détachée de Saint‑Martin‑Labouval. Une « roca » primitive est peut‑être à l'origine du château : des restes de fortifications médiévales associés à une grotte sous le château ont été signalés, tandis que les bâtiments les plus anciens datent du XIIIe siècle. La tour dite « des Gourdon », datable de la seconde moitié du XIIIe siècle, était associée à un corps de logis, et les vestiges d'un second bâtiment proche peuvent remonter aux XIIIe ou XIVe siècles. Après la guerre de Cent Ans, des aménagements — vestiges de croisées, cheminées — sont visibles et sont sans doute attribuables à Pons de Penne, alias de Gourdon, seigneur de Cénevières en 1504. À partir des années 1540, d'importantes campagnes de travaux, attribuées par un document de 1638 à Flotard et Antoine de Gourdon, transforment le château et lui donnent l'essentiel de sa configuration actuelle. Flotard de Gourdon, qui épouse en 1531 Marguerite de Cardaillac, participe aux campagnes de Marignan et de Pavie ; son fils Antoine lui succède en 1561 et, formé à l'artillerie, choisit le parti huguenot et devient l'un des capitaines d'Henri de Navarre. Antoine de Gourdon fait élever le pavillon d'entrée dit « tour de garde » daté de 1585, ainsi qu'un bastion protégeant la basse‑cour et une aile voisine suffisamment grande pour loger une garnison. Dans son testament, un an avant sa mort en 1616, il demande la construction d'un temple protestant, qui semble avoir été édifié peu après. La galerie qui longeait le corps de logis principal sur la cour d'honneur, probablement en bois à l'origine, est refaite au XVIIe siècle. Mort sans postérité, Antoine de Gourdon laisse Cénevières à la branche La Tour par le mariage de sa veuve avec Charles de La Tour en 1617 ; la seigneurie reste ensuite dans diverses mains jusqu'à la Révolution, période à laquelle le domaine est vendu à Louis Naurissart, directeur de la Monnaie de Limoges. Au XIXe siècle le château passe, par héritage, aux Lesage — Charles Lesage, maire de Limoges, entreprend d'importants travaux d'entretien — puis revient aux familles de Combarel du Gibanel et de Braquilanges. Le château, son mur d'enceinte et l'ancien temple protestant situés à l'entrée ont été classés au titre des Monuments historiques le 9 décembre 1957. De type Renaissance et établi sur une falaise, le château de Cénevières figure parmi les plus remarquables châteaux de la Renaissance en Quercy.