Origine et histoire du Château de Challain-la-Potherie
Le château de Challain-la-Potherie est un ensemble néo-gothique élevé entre 1847 et 1854 par l'architecte angevin René Hodé à partir de projets initialement sollicités auprès de Louis Visconti. Le domaine comprend le château lui‑même, les communs, l'orangerie, des serres, une porterie, la tour dite Monplaisir, des fabriques et des ruines artificielles dans le parc ; la fabrique et son embarcadère sur l'étang ont été démolis en 1979. Une forteresse existe à Challain probablement depuis le XIe siècle ; l'édifice actuel remplace une demeure médiévale conservée pendant la durée des travaux puis démolie. Commandé par Louise‑Ida Le Roy de La Potherie et son mari François Albert de La Rochefoucauld, comte de Bayers, le château relève d'un goût néo‑gothique de type troubadour et affiche la mémoire familiale tout en conservant une organisation intérieure classique. Visconti proposa un projet que Hodé reprit et agrandit ; le gros‑œuvre extérieur fut achevé en 1851 et les décors intérieurs en 1854. Après la mort du comte, la comtesse fit poursuivre les travaux et aménager le parc et les dépendances : communs (1859‑1860), pont de jardin (1862), orangerie et serres (1866), tour de Monplaisir (1875), porterie d'entrée (1882) et autres éléments décoratifs ou de loisirs. Le chantier mobilisa un grand nombre d'ouvriers et connut une brève interruption lors de la révolution de 1848. Le château a ensuite connu de multiples propriétaires ; il a servi de colonies de vacances pour la ville de Choisy‑le‑Roi, accueilli un club privé, été acquis par une société liée à l'Église de l'Unification, puis transformé en chambres d'hôtes haut de gamme par la famille Nicholson en 2002. L'édifice a fait l'objet de protections au titre des monuments historiques, avec des inscriptions partielles en 1979 et 1980, des protections étendues en 2004 et des classements complémentaires en 2019. Architectoniquement, le château présente un plan rectangulaire flanqué de tours d'angle et un donjon central ; il est bâti en tuffeau avec soubassements et perrons en granit, et ses façades largement sculptées, nombreuses travées et nombreuses fenêtres lui ont valu le surnom de « petit Chambord » ou « Chambord angevin ». L'ornementation extérieure associe lucarnes, fausses créneaux, tourelles et une profusion de culots sculptés par Jacques Granneau, qui représentent personnages, animaux et motifs variés. Challain illustre le style troubadour : le décor néo‑gothique est plaqué sur une structure symétrique et néoclassique, les façades et la distribution restant régies par des principes classiques tandis que les toitures et les ornements évoquent le Moyen Âge. L'intérieur comprend un sous‑sol technique, deux étages nobles, un étage en surcroît et des combles, soit six niveaux, et près de 120 pièces réparties sur des niveaux de grande surface. Le rez‑de‑chaussée surélevé réunit les pièces d'apparat autour d'un axe nord‑sud : vestibules, grand salon, salle à manger, billard, bibliothèque et chapelle, ornés de voûtes et de décors néo‑gothiques. Des aménagements techniques modernes pour l'époque figurent dans l'édifice : chauffage central, verrière zénithale éclairant l'escalier, parquets particuliers et mécanismes de portes innovants, intégrés à un décor historicisant. Les étages accueillent appartements privés et logements de domestiques ; face à la largeur importante du corps de logis, l'architecte résolut les problèmes de circulation et de structure par des piliers centraux et la multiplication de petites pièces. La décoration du rez‑de‑chaussée, réalisée par une équipe comprenant Jacques Granneau, le tapissier Didier et le fabricant Jean‑Paul Mazaroz, associe lambris sculptés, boiseries, papiers peints à motifs médiévaux et motifs héraldiques rappelant les La Rochefoucauld et les La Potherie. Le parc, aménagé dans l'esprit du jardin à l'anglaise sur environ trente hectares, joue sur la variété d'arbres et de bosquets, l'ouverture de perspectives et la présence de deux étangs, dont l'un provient d'une retenue médiévale liée à un moulin. Des fabriques ponctuaient les promenades — pont de jardin, tour Monplaisir qui servait aussi de château d'eau, fausse ruine gothique et pavillons —, certains éléments ayant été détruits ou modifiés au XXe siècle. Les dépendances comprennent un vaste commun construit en 1859‑1860 regroupant logements, écuries et remises, la ferme dite « Basse‑Cour », un potager restauré selon les plans d'origine et une orangerie reliée au domaine par un souterrain aujourd'hui condamné. Le château de Challain constitue l'œuvre la plus ambitieuse de René Hodé et a servi de modèle à d'autres réalisations locales, illustrant sa prédilection pour un gothique régional et décoratif plutôt que pour une reconstitution historisante stricte.