Origine et histoire du Château de Chamarande
Le domaine de Chamarande est un château situé dans la commune de Chamarande, dans l'Essonne en Île-de-France. Propriété du département de l'Essonne, son parc de 98 hectares est ouvert au public et accueille un centre d'art contemporain, le dépôt principal des archives départementales, le FDAC91 et un centre d'hébergement pour les classes vertes. À 39 kilomètres au sud-ouest de Paris et à 9 kilomètres au nord-est d'Étampes, il se trouve dans l'ancienne province du Hurepoix.
Un premier château aurait été établi au IXe siècle par Arteld, mais les fouilles montrent que le lieu n'a jamais été fortifié. Les premiers seigneurs connus incluent Ursio de Bonnis, homme-lige de Philippe Auguste, puis plusieurs familles successives comme Jean Coquatrix, Jean de Montagu et la famille de Châtillon. Le territoire fut marqué par la guerre de Cent Ans puis par les guerres de religion.
Un hôtel seigneurial du XVIe siècle fut probablement construit pour François Miron, qui acquit en 1603 les deux seigneuries constituant l'actuel domaine et y établit sa résidence. Après des extensions et des dommages subis pendant la Fronde, la famille Miron vendit le château en 1654 à Pierre Mérault. Mérault fit construire le château actuel dans le style Louis XIII, attribué à l'architecte Nicolas de L'Espine : un quadrilatère entouré de douves comprenant le logis et les communs, l'entrée de la cour d'honneur encadrée de deux pavillons et une chapelle baroque coiffée d'une coupole dont la décoration en stuc est due à Louis Lerambert. Le domaine était alors orné de canaux, bassins et fontaines à la française. Endetté, Mérault vendit en 1684 à Clair Gilbert d'Ornaison, dit « Chamarande », et en 1685 Bonnes fut érigé en comté de Chamarande par lettres patentes de Louis XIV.
À la mort du fils de Clair Gilbert, le château passa par héritage au marquis de Talaru, qui fit intervenir l'architecte Pierre Contant d'Ivry pour construire de nouvelles dépendances, enrichir le parc (orangerie, belvédère, glacière, cascatelle, bosquet ovale et jeu d'oie avec un temple d'amour) et rénover les décors intérieurs. Il fit supprimer le mur de la cour d'honneur le long des douves, installer une grille de ferronnerie encadrée de lampadaires et poser un fronton sculpté portant la maxime Pax huic domui. Dans les années 1780, une pièce d'eau avec une île bordée de cyprès chauves fut créée et lui a été traditionnellement attribuée au peintre paysagiste Hubert Robert. Le comté de Chamarande fut aboli le 4 août 1789 ; en 1794 le château fut séquestré et la plupart des meubles vendus aux enchères, à l'exception de la bibliothèque, de quelques meubles identifiés, d'objets métalliques et du linge réquisitionné.
Sous le Consulat, Louis-Justin-Marie de Talaru recouvra le domaine, le remit en état, redessina le parc à l'anglaise et résida au château jusqu'à sa mort en 1850. Le domaine changea ensuite plusieurs fois de propriétaire : vendu en 1852, puis en 1857 à Jean-Gilbert Victor Fialin, duc de Persigny, qui transforma le parc et le château en aménageant une galerie au rez-de-chaussée, faisant édifier un mur d'enceinte, achevant la transformation à l'anglaise avec l'aide du paysagiste comte de Paul de Choulot, faisant planter une allée d'arbres et introduisant des essences exotiques, ainsi qu'en installant près de la nouvelle grille un obélisque inspiré du Songe de Poliphile. Persigny organisa en 1862 une fête pour l'anniversaire de l'impératrice Eugénie et reçut du baron Haussmann une lanterne à gaz aujourd'hui conservée dans le vestibule néo-classique ; il mourut en 1872. En 1876 le domaine fut acheté par Anthony Boucicaut, qui fit aménager une salle à manger néo-Renaissance, une ferme et un chenil ; Boucicaut mourut l'année suivante et sa veuve se remaria en 1881 avec le docteur Laurent Amodru, qui fut maire de Chamarande jusqu'en 1922.
En 1922, madame André Thome acquit le domaine tandis que le docteur Amodru y demeura jusque 1930 ; de 1922 à 1951 le château fut un centre majeur de formation du scoutisme en France, activité reprise après la guerre en 1947, et en 1950 s'y tint le premier rassemblement des chorales À Cœur Joie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château et le parc furent occupés successivement par les forces allemandes puis américaines, entraînant la disparition d'une partie des archives. En 1957 Auguste Mione, dernier propriétaire privé, fit restaurer le château et y ouvrit diverses activités sociales et culturelles ; le domaine fut classé au titre des monuments historiques (site en 1977, château et annexes en 1981) et acquis en 1978 par le conseil général de l'Essonne, qui en fit un site culturel et le siège des archives départementales. Une partie du parc avait déjà été inscrite au titre des monuments historiques en 1955.
Le parc départemental de 98 hectares, labellisé Jardin remarquable, a été réaménagé par le paysagiste Jacques Sgard dans les années 1990 et a été partiellement restitué dans l'esprit du XVIIIe siècle, l'absence d'un mur d'enceinte étant remplacée par un fossé dit saut-de-loup offrant une large perspective sur le paysage extérieur. Trois arbres remarquables y sont signalés : un platane du Moyen-Orient aux branches marcottantes, un hêtre pourpre près de la chapelle et un ensemble de cyprès chauves avec leurs pneumatophores, ainsi qu'un grand nombre de buis et d'ifs anciens.
Depuis 1999 la cour des communs abrite le dépôt principal des Archives départementales de l'Essonne, un silo creusé sous la cour comprenant huit niveaux souterrains pouvant contenir jusqu'à 32 kilomètres linéaires d'archives. Un centre d'art contemporain a été installé en 2001 à l'initiative de Dominique Marchès ; sous la direction de Judith Quentel (2005–2011) le projet s'est développé en multipliant expositions, résidences et actions publiques, intégrant le Domaine aux réseaux professionnels TRAM et DCA en 2006 et enrichissant notablement la collection et la programmation de danse contemporaine. Après 2011 la direction artistique a été réorganisée, la place de Laurent Bourdereau et la transformation du poste de directrice ont entraîné l'exclusion du domaine des réseaux TRAM et DCA, puis la programmation a pris une orientation plus environnementale grâce à la collaboration avec l'association COAL entre 2011 et 2016. À partir de 2016 la politique culturelle et la programmation artistique ont été reconfigurées, privilégiant les artistes essonniens et français reconnus, et depuis 2021 le projet artistique s'oriente vers l'art du XXIe siècle confronté aux enjeux contemporains, alternant expositions dans le château, l'orangerie et le parc et développant des partenariats avec des institutions nationales.
Le Fonds départemental d'art contemporain (FDAC) de l'Essonne, institué en 1991 et restructuré en 2001 lors de la création du centre d'art, a pour missions d'enrichir une collection d'œuvres contemporaines, de la diffuser sur le territoire et d'accompagner la médiation et l'éducation artistique ; la collection compte aujourd'hui près de 300 œuvres d'artistes français et internationaux et comprend de nombreuses pièces produites in situ, désormais installées de façon pérenne dans le parc.