Origine et histoire du Château de Chamaret
Le château de Chamaret, situé sur la commune de Chamaret dans la Drôme, est attesté dans le cartulaire de Richerenches en 1157 ; sa construction aurait commencé en 1136 sous Dodon Ier et s'achever en 1157 sous Dodon II. Le plateau des Puys est occupé dès la période romaine : des tombes antiques ont été découvertes lors de la restauration de la fin du XIXe siècle et des monnaies de l'époque d'Agrippa ont été mises au jour lors de sondages. Perché sur la rive gauche du Lez, le site, aménagé en éperon barré et séparé du plateau par un vaste fossé, se prêtait naturellement à l'édification d'une forteresse. La famille de Chamaret fit édifier la forteresse ; le partage de ses biens en 1254 entraîna l'extension du château et la construction d'un second logis, la tour sud aujourd'hui appelée « le Pigeonnier », attribuée à Amalric de Chamaret. À cette époque le site se trouva divisé en deux ensembles confrontés : l'aîné conserva la forteresse primitive, le cadet la nouvelle tour, et une muraille fut édifiée entre les deux tours. Pour rechercher protection, Amalric prêta hommage à l'évêque de Saint‑Paul‑Trois‑Châteaux tandis que son frère fut inféodé aux Adhémar en 1255 ; l'évêque et les Adhémar partagèrent alors la suzeraineté. Au XIIIe siècle, puis aux XIVe et XVe siècles, de nombreux différends opposèrent l'évêque et les Adhémar, l'évêque étant finalement évincé de la co‑seigneurie à la fin du XVe siècle ; la terre de Chamaret resta liée à la baronnie de Grignan jusqu'à la Révolution. Les Adhémar, seuls seigneurs au XVIe siècle, transformèrent le second logis en colombier. Les guerres de Religion firent changer plusieurs fois la forteresse de mains et, tout au long du XIXe siècle, le site servit de carrière de pierres aux habitants du village. Des effondrements et dommages successifs l'ont affecté : une partie des murs s'écroula en 1669 et la chapelle fut démantelée, la partie nord du château s'effondra en 1696 et le tremblement de terre de 1772 l'endommagea encore. Une restauration partielle de la tour et la consolidation des murs de soutènement furent réalisées en 1894‑1895 grâce au legs de Xavier Sylvestre ; la tour fut remise en état, réaménagée et une cloche y fut installée à la demande du légateur. Les travaux de 1895 firent également apparaître, sous la tour actuelle, des fondations plus anciennes interprétées comme les vestiges d'une specula romaine. Inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1992, le site fit l'objet d'une opération d'archéologie préventive en 1995 et la municipalité fit restaurer la tour sud‑ouest, dite le Pigeonnier, par l'atelier valentinois Aries. Il subsiste des vestiges des deux enceintes de fortification, deux corps d'habitation — dont l'un jouxte le donjon — et une tour de plan carré renforcée d'un contrefort. La tour, haute de 30 mètres, offre un belpanorama sur la plaine de Valréas et les montagnes et son intérieur a été entièrement refait lors des restaurations. L'hypothèse la plus répandue la présente comme une tour à signaux : sa façade aveugle, dépourvue de meurtrières et d'ornement, la rendrait impropre à la fonction de donjon et compatible avec un usage de communications. La chapelle castrale, dédiée à Saint‑Barthélemy et située au sud‑est du donjon, comprenait une nef de deux travées terminée par une abside semi‑circulaire voûtée en cul‑de‑four. La tour dite « du Colombier » constitue la partie la mieux conservée du vieux manoir et peut se visiter.