Château de Chambonneau à Gizay dans la Vienne

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château Médiéval et Renaissance

Château de Chambonneau

  • Chambonneau
  • 86340 Gizay
Château de Chambonneau
Château de Chambonneau
Crédit photo : Kévin Guillot - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

Château de Chambonneau (cad. B 32 à 35) : inscription par arrêté du 12 février 1964

Origine et histoire du Château de Chambonneau

Le château de Chambonneau, à Gizay (Vienne), est un château fort construit au pied d'une colline, en bordure du Miosson qui alimente ses douves. Selon la tradition, le roi Jean II le Bon aurait été enfermé dans la salle basse de la tour d'entrée au lendemain de la bataille de Poitiers en 1356. Le site relève du type des châteaux fortifiés : il comportait un plan quadrangulaire flanqué de tours rondes aux angles, de tours barlongues sur les longs côtés et d'un châtelet protégeant la porte. Les tours principales mesuraient dix-sept mètres et le donjon carré vingt-six mètres ; une partie du système défensif (courtines, tours) a toutefois disparu.

L'occupation du lieu remonte à l'Antiquité : la terre de Chambonneau figure dans le descriptif des camps romains établis en l'an 275, avec des fossés de camp carré encore visibles. Le toponyme évolue après l'intervention des Wisigoths pour la défense de Poitiers en 450–451 : « Campus Bonus » puis « Campo Bono », devenu « villa Camboniaco » à l'époque carolingienne, et enfin Camboniac puis Chambonneau en poitevin. Le domaine appartenait à l'abbaye de Ligugé avant d'être vendu en 951 à Guy dit Guitard de Gençay, ancêtre de la famille qui restera liée au lieu.

Un fief double est constitué en 1157, distinguant les « Grands-Bois de Chambonneau », relevant de l'évêché de Poitiers, et la « maison forte » relevant de la châtellenie de Château-Larcher et du comté de Poitiers, ce qui explique la coexistence de deux pigeonniers et certaines armoiries de fief. Le château fort actuel a été élevé sur ordre du roi Philippe VI entre 1335 et 1345 par Jean Frotier de Melzéard et son épouse Mahaut de Vivonne, héritière des deux fiefs par sa lignée.

Après la défaite française de 1356, Chambonneau dut se rendre aux Anglo-Gascons ; le Prince Noir et le roi Jean II y dînèrent et y assistèrent au trépas du chevalier John Dandley. La place fut reprise en 1373 par les troupes de Bertrand du Guesclin et, en 1396, la famille Frotier confirma son hommage. Sous Louis XI, Guy Frotier et son épouse Jeanne de Maillé firent démanteler certaines fortifications, réduire en hauteur le donjon et les tours du châtelet, et ajouter un nouveau logis côté sud pour rendre la demeure plus confortable.

Au XVIe siècle, deux fermes en équerre furent édifiées devant le château, avec aux angles deux pigeonniers, l'un pour chaque fief, contenant plus de 4 000 boulins ; le pigeonnier sud conserve une échelle tournante attribuée à Henri IV. Lors des guerres de Religion, Chambonneau fut assiégé en 1588 par des capitaines d'Henri de Navarre ; à cette époque François Palustre, acquéreur du domaine en 1583, fit aménager une chapelle dans le châtelet et ajouter un second pavillon à l'aile sud. En 1686, César Palustre fit élever un troisième pavillon et orna la chapelle d'une porte de style classique surmontée d'un fronton brisé portant ses armes.

Après la mort de la marquise de Germon, les fiefs furent vendus aux enchères le 25 juin 1764 à René-Charles Alexis de Liniers, qui fit ainsi retour dans la descendance des fondateurs et prit la charge de prieur commendataire du prieuré de Notre-Dame-de-La-Vayolle jusqu'à la Révolution. Sous le Premier Empire, Chambonneau fut cédé en 1810 à Jean-André Fontaine de La Challerie pour sa fille Justine, épouse d'Henri, comte de Coral. Entre 1865 et 1875, le général de l'Abadie d'Aydrein fit réaliser par l'architecte Ojam des aménagements de façades dans un goût troubadour, notamment l'ouverture de croisées sur la cour intérieure, l'agrandissement des fenêtres ouest et la création de lucarnes néo-gothiques sur des toitures passées en ardoise.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, situé à la limite de la zone libre, le château et son domaine participèrent au réseau de passeurs animé par le curé de Gizay, qui permit de sauver plus de trois cents personnes en vingt-huit mois, parmi lesquelles Maurice Schumann. À partir de 1953, le comte et la comtesse de Beaucorps-Créquy, descendants des premières familles de Chambonneau, poursuivirent la restauration et sauvèrent la demeure après des siècles d'attachement familial, à l'exception de la période 1583–1764. Le château est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1964 ; ouvert au public à partir de la même année, il a toutefois été fermé au public le 31 décembre 2015 faute d'aménagements adaptés aux personnes en situation de handicap.

Le châtelet, accolé aux bâtiments d'habitation, était à l'origine accessible par un pont-levis franchissant les douves. Aujourd'hui, deux grosses tours peu ajourées, surmontées d'un chemin de ronde couvert, flanquent étroitement la porte, les deux tours barlongues qui précédaient la porte ayant été arasées en 1953. Un jardin d'agrément précède l'ensemble, lui-même entouré d'un fossé et de douves en eau en bordure du Miosson, qui se jette dans le Clain à Saint-Benoît.

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