Origine et histoire du Château de Chamerolles
Le château de Chamerolles, édifice de la Renaissance situé à Chilleurs-aux-Bois (Loiret, Centre‑Val de Loire), est classé au titre des monuments historiques depuis 1927 et inscrit depuis 1988 ; il figure parmi les châteaux de la Loire. Établi le long de la route départementale 109, il se trouve à 2,5 km au sud‑est du bourg, à une trentaine de kilomètres au nord‑est d'Orléans, sur le cours de l'Œuf, à 120 mètres d'altitude, dans la région naturelle de la forêt d'Orléans. Le sentier de grande randonnée GR32‑655 longe le parc ; la commune est desservie par la ligne d'autocars Ulys 20A et l'accès n°7 de l'autoroute A19 se situe à 6 km au nord.
L'enceinte du château a la forme d'un trapèze entouré de fossés en eau ; une grosse tour cylindrique occupe chacun des angles. Trois côtés sont occupés par des bâtiments bas : à l'ouest le corps de logis principal avec deux ailes en retour d'équerre, les écuries et un appartement moderne, ainsi que les cuisines et services ; le quatrième côté est fermé par un pavillon d'entrée isolé des autres constructions. Le châtelet d'entrée, pavillon rectangulaire flanqué de deux tourelles — dont l'une abrite l'escalier — présente en rez‑de‑chaussée un passage voûté percé d'une porte charretière et d'une poterne, tandis que l'étage était consacré à de nombreuses chambres de domestiques. La tour flanquante gauche conserve un sous‑sol voûté en berceau annulaire reposant sur un pilier central en brique.
L'aile ouest, en retour d'équerre, rassemble une série de pièces de réception desservies par un couloir ; ses lambris et cheminées semblent dater du milieu du XVIIIe siècle. Un escalier en pierre, équipé d'une rampe en fer forgé de la fin du XVIIIe siècle, relie l'aile ouest à l'étage de l'aile sud et donne également accès à la tribune de la chapelle. Celle‑ci est couverte de voûtes gothiques construites selon la méthode traditionnelle, avec arcs diagonaux à liernes et tiercerons, et a conservé des peintures murales uniques. Lors de la restauration de 1991, des textes peints ont été dégagés : le Décalogue de la Bible de Genève de 1588, le Credo et le Notre‑Père ; les armoiries des familles du Lac et de Châtillon‑Coligny ornent le Décalogue, éléments probablement ajoutés par Lancelot II pour témoigner des alliances familiales à l'époque des guerres de Religion.
Les élévations en calcaire de Beauce enduit et en briques, la maille de briques rouges et noires et les toitures d'ardoise illustrent les matériaux et les techniques régionales. La cour d'honneur, fermée sur trois côtés, conserve un puits à coupole et une galerie de style Renaissance ; l'élévation inscrite aux alentours des années 1530 a été remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles sans en altérer profondément le caractère.
Sur le plan des jardins, du début du XVIe siècle à la fin de l'Ancien Régime les espaces cultivés restaient limités au quadrilatère devant la façade occidentale et encadrés par un réseau de canaux. Un plan d'aménagement plus vaste et d'inspiration classique a été conçu en 1789, avec au sud un étang aménagé en miroir d'eau à forme cintrée dite « à oreilles » ; les terrains au nord furent partiellement réorganisés la même période. Les jardins furent transformés à l'anglaise au XIXe siècle puis pratiquement abandonnés vers 1920 ; lors de la restauration du château, Jacques Moulin a recréé des jardins inspirés de la Renaissance française et un parc traversé par une rivière a été aménagé au sud. À l'intérieur de l'enceinte, l'ancienne halle de Bellegarde, XVIIe siècle, a été démontée, restaurée puis réinstallée et inaugurée dans le cadre d'une exposition en 2009.
Sur le plan historique, le territoire fut acquis vers 1440 par Bertrand du Lac ; vers 1520 son petit‑fils Lancelot Ier du Lac construit le château sur l'emplacement d'une ancienne maison forte des Brouard de Chamerolles. Lancelot Ier, qui participa aux guerres d'Italie, devint chambellan du roi Louis XII puis bailli d'Orléans sous François Ier. Le château conserve la forme traditionnelle de forteresse médiévale mais fut conçu comme demeure. Au XVIe siècle, sous Lancelot II, rallié au protestantisme en 1562, la chapelle servit probablement de temple protestant dès circa 1570 et Chamerolles devint un lieu important pour la communauté protestante locale ; en janvier 1585 le roi Henri III confia la garde du château au seigneur de Dampierre pour le protéger lors de l'absence de Lancelot II. En 1672 la propriété appartint à Jacques Saumery, beau‑frère de Jean‑Baptiste Colbert, qui mit fin à l'usage protestant du temple.
Au XVIIIe siècle le domaine passa aux Lambert, puis à Gaston Jessé‑Curély en 1924 ; le château fut occupé, saccagé et dépouillé pendant la Seconde Guerre mondiale, mis en vente en 1970 et pris en charge par la Ville de Paris en 1976, puis abandonné. Le conseil général du Loiret acheta la ruine en 1987, entreprit d'importants travaux sous la direction de l'architecte des monuments historiques Jacques Moulin et rouvrit le château et ses jardins au public en 1992. Le château a été remeublé et une partie de l'aile sud abrite aujourd'hui un musée consacré aux parfums, dont la muséographie a été confiée à Didier Moulin.
Classé partiellement Monument historique depuis 1927, le site est également répertorié refuge LPO depuis 2020 et fait partie de la Route de la Rose.