Période
XVIIe siècle, 1er quart XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Le château, le jardin et le parc : classement par arrêté du 24 juillet 1935 ; Le domaine du château de Champs, en totalité, à Champs-sur-Marne, situé 31 rue de Paris, avec la crépine située au bord de la Marne à l'extrémité nord du domaine, comme figurant en rose sur le plan joint à l'arrêté (cad. AP 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, BC 65, BH 1, 67, 68, BD 97, 98) : classement par arrêté du 20 août 2019
Origine et histoire du Château de Champs-sur-Marne
Le domaine de Champs-sur-Marne, situé près d'une boucle de la Marne en Seine‑et‑Marne, occupe un parc de 85 hectares et rassemble un château en excellent état et des jardins remarquables. La seigneurie est attestée dès le XIe siècle, de la famille d'Adam de Champs jusqu'à Jeanne II de Champs qui la vend en 1399 à la famille d'Orgemont ; Pierre d'Orgemont fait alors édifier un hôtel particulier vers 1499-1500, œuvre de Claude Fany. Après une suite de propriétaires et d'échanges aux XVIe et XVIIe siècles, Nicolas Faure de Berlize transforme le château en lui donnant un plan en U et un appareil en brique et pierre. Charles Renouard de La Touanne commande une nouvelle demeure aux architectes Pierre Bullet et Jean‑Baptiste Bullet de Chamblain, mais, dessaisi, il cède le projet à Paul Poisson de Bourvallais qui achève la construction : les plans définitifs sont arrêtés en 1703 et l'édifice est achevé au début du XVIIIe siècle, tandis que le jardin est amorcé sur des plans de Claude Desgots. Le château devient alors un modèle de maison de plaisance française, conciliant espaces de réception et vie privée, confort et simplicité, ainsi qu'un rapport équilibré entre jardin régulier et terres agricoles ; il est décrit dans plusieurs recueils et ouvrages d'architecture du XVIIIe siècle. Sous les ducs de La Vallière, les jardins et les intérieurs sont remaniés — notamment par Jean‑Charles Garnier d'Isle et Jean Charpentier — et la marquise de Pompadour y séjourne brièvement à la fin des années 1750. Après des épisodes révolutionnaires, la propriété est confisquée, vendue aux enchères et rachetée en 1801 par Pierre‑Marc‑Gaston de Lévis, qui aménage le parc à la mode paysagère et fait construire la maison du chef jardinier au début du XIXe siècle. En 1831, Jacques‑Maurice Grosjean entreprend des transformations, dont la mise en terrasse du toit et la création d'un lac, puis, en 1895, Louis Cahen d'Anvers acquiert le domaine et confie à Walter‑André Destailleur d'importants travaux de restauration et d'aménagement; il fait aussi redessiner les jardins par Henri et Achille Duchêne. Le château accueille des réceptions de la Belle Époque et, durant la Première Guerre mondiale, ses communs sont transformés en hôpital. Héritier en 1922, Charles Cahen d'Anvers donne ou vend le domaine à l'État au milieu des années 1930 ; l'acte de donation et les décisions ministérielles aboutissent à son classement parmi les monuments historiques et à son inscription au titre des palais nationaux, tout en garantissant la présence du personnel et du mobilier. Propriété de l'État, le domaine est affecté à la réception d'hôtes officiels à partir de la fin des années 1950 et reçoit de nombreux chefs d'État lors de visites officielles dans les années 1960 ; cette vocation cesse en 1971 et la gestion est alors confiée au ministère de la Culture puis au Centre des monuments nationaux, qui installe le Laboratoire de recherche des monuments historiques dans les communs sud‑ouest. Le parc subit d'importants dégâts lors de la tempête de 1999 ; en 2006 l'effondrement d'un plafond du salon chinois, causé par la mérule, provoque la fermeture et une campagne de restauration conduite entre 2009 et 2013 sous la responsabilité de l'architecte en chef des Monuments historiques, avec une réouverture au public en 2013. Architectoniquement, le château, élevé par les Bullet, présente un plan « massé » inspiré de modèles du XVIIe siècle avec un corps central, deux courtes ailes en U et une rotonde ouvrant sur le jardin ; la façade et la distribution intérieure, organisées selon un axe dominant, témoignent d'une évolution vers des pièces indépendantes, une circulation traversante et le souci du confort. Le décor intérieur, dont des boiseries attribuées à Bullet de Chamblain, comprend des réalisations remarquables comme le salon chinois peint par Christophe Huet et des ensembles décoratifs transformés ou restaurés à différentes époques, notamment sous Destailleur pour les Cahen d'Anvers. Les jardins combinent un tracé à la française conçu au XVIIIe siècle, avec bassins et parterres, et des aménagements paysagers à l'anglaise résultant d'évolutions successives ; ils ont été remaniés au XIXe et XXe siècles par des paysagistes et retrouvés en grande partie lors des restaurations récentes, ce qui vaut au parc le label « Jardin remarquable ». Le domaine conserve également des dépendances anciennes, une orangerie, une ferme et des communs, et accueille aujourd'hui des activités contemporaines : ruches gérées par des apiculteurs associatifs, un potager cultivé dans le cadre d'un chantier d'insertion et de nombreuses manifestations culturelles. Enfin, le château a été et demeure un lieu de tournage prisé, ayant servi de décor à près de quatre‑vingts productions audiovisuelles, et il est ouvert à la visite, le parc restant librement accessible.