Origine et histoire du Château de Champtocé
Le château de Champtocé, situé à Champtocé-sur-Loire sur la rive droite de la Loire en Anjou (Maine-et-Loire), est connu pour avoir été l'un des lieux de résidence de Gilles de Rais. Il est inscrit au titre des monuments historiques en 1926. Le site s'élève sur un promontoire de schiste dominant la Romme, qui alimente la boire de Champtocé. Mentionné vers l'an 1000 sous le nom de Cantosciaco dans le cartulaire de la Trinité de Vendôme, il aurait pu appartenir aux comtes d'Anjou afin de contrôler le trafic fluvial. Foulques Nerra y inféoda un certain Orry, mais le dépouilla ensuite et remit la terre, au début du XIe siècle, à une famille de chevaliers qui prit le nom de Champtocé ; le premier membre connu est Hugues de Champtocé. Le site est qualifié de castellum entre 1075 et 1084, preuve de son caractère fortifié. Vers 1100, le fief passa à la maison de Craon par le mariage de Tiphaine de Champtocé et d'Ingrandes avec Maurice Ier de Craon. En 1212, Amauri de Craon s'engagea auprès de Philippe Auguste à remettre la forteresse durant le conflit entre Capétiens et Plantagenêt. La renommée du château tient en partie à Gilles de Rais, né vers 1405 de Marie de Craon et de Guy de Laval ; compagnon de Jeanne d'Arc, il devint maréchal de France en 1429, vendit Ingrandes et Champtocé au duc de Bretagne Jean V en 1437 et fut exécuté à Nantes en octobre 1440. Aux XIIIe–XVe siècles, Champtocé fut la première place forte de l'Anjou sur la rive droite de la Loire, première ligne de défense contre le duché de Bretagne et un péage important ; c'est au XIIIe siècle que la forteresse prit sa forme actuelle. À la fin du Moyen Âge, Ingrandes et Champtocé passèrent sous l'autorité de la maison de Montfort-Bretagne avec Jean V, puis leur possession fut disputée par les rois Valois ; un accord de 1486 attribua finalement ces terres à François d'Avaugour, dont la lignée conserva la seigneurie jusqu'entre 1699 et 1704. En 1704, Ingrandes et Champtocé furent vendus à Madeleine-Diane de Bautru de Serrant, qui céda ces biens angevins à la famille Walsh en 1749. Les vestiges visibles aujourd'hui comprennent un châtelet d'entrée orienté vers le village, formé de deux portes, l'une charretière et l'autre piétonne, accessible par un pont dormant doublé d'un pont-levis et défendu par des canonnières et une herse. L'enceinte comportait autrefois onze tours ; une seule, éventrée, subsiste et s'élève face à la route. À l'est, une poterne munie d'assommoirs permettait l'accès à des salles souterraines. À l'intérieur de la cour, seul un puits est signalé ; l'aménagement du reste de l'enceinte demeure inconnu en l'absence d'études archéologiques.