Origine et histoire du Château de Chanteloup
Ensemble de bâtiments médiévaux et Renaissance, le château présente un décor sculpté de la première Renaissance d'influence italienne. Il occupe un plan polygonal irrégulier entouré de douves formées par un étang artificiel ; l'accès se fait par un pont dormant en pierre menant à l'ancienne poterne. Sur le flanc sud se dresse le donjon, qui comportait à l'origine une salle basse voûtée et quatre étages à chambre unique ; aujourd'hui il est conservé sur trois niveaux et flanqué d'un escalier reliant donjon et courtine. À l'est subsiste un vestige d'appareil défensif et, du côté nord, une console rappelle d'anciens mâchicoulis ; une grosse tour cylindrique, contemporaine de la base du donjon, présente un escalier à vis à sa base. Le logis Renaissance comprend un bâtiment principal à deux ailes, complété par un second corps plus petit ; une tour carrée occupe un angle, tandis que les ailes droite et gauche ont été amputées. Le décor se concentre autour des fenêtres avec pilastres, candélabres, frises ornées de médaillons et cartouches, panneaux à losanges et autres motifs sculptés caractéristiques de la première Renaissance. Construit en granit et attribué à la première Renaissance, le château porte une ornementation comparable à celle d'autres châteaux régionaux, et ses portails présentent des tympans semi-circulaires et une porte à tabernacle rappelant l'architecture religieuse. Localisé sur la commune de Chanteloup dans le département de la Manche, il est situé à environ 600 mètres au sud de l'église Saint-Pierre et permettait la surveillance du havre de la Vanlée. Le manoir est mentionné pour la première fois dans une charte de 1022 au profit de l'abbaye du Mont-Saint-Michel et aurait été bâti par un seigneur de Chanteloup compagnon de Guillaume le Conquérant, possesseur de biens en Dorset, Hereford et Worcester. La seigneurie passa à la famille Paynel par le mariage d'Agnès de Chanteloup avec Foulques III Paynel, puis appartint à la lignée des Paynel avant d'entrer par mariage dans celle des d'Estouteville, Louis d'Estouteville étant en possession du château au début du XVe siècle. Confisqué par les Anglais en 1418, il fut conservé par eux jusqu'en 1449, date à laquelle il fut repris avec d'autres châteaux par le connétable de Richemont ; des chasseurs de primes anglais ont pu l'utiliser en 1432 pour retenir des résistants. Louis d'Estouteville fit réparer le donjon et l'enceinte malmenés pendant la guerre de Cent Ans. Antoine d'Estouteville, châtelain de 1517 à 1556, fit édifier vers 1536 un nouveau corps de logis accolé au château médiéval ; les initiales de son épouse Isabeau de Carbonnel figurent sur la façade. En 1594 le château soutint un siège contre les Ligueurs, et vers 1655 il fut acquis par Jean de Montgomery, qui compléta les habitations. Pendant la Révolution, Mme Duprey fit abaisser le donjon au niveau du second étage, supprimer le pont-levis et arasèrent deux tours encadrant la poterne, en brisant les écussons. Classé et inscrit au titre des monuments historiques, le château fait l'objet de protections partielles : l'ensemble est inscrit et les façades et toitures de la partie Renaissance ainsi que la porte de la grande salle avec ses vantaux peints sont classés. Les principales familles ayant possédé le domaine sont les de Chanteloup, les Paynel, les d'Estouteville, puis Jean de Montgomery, la famille d'Amelot de Chaillou, Pierre Duprey et la famille de Witasse-Thézy.
