Château de Charmes-sur-l'Herbasse dans la Drôme

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château Médiéval et Renaissance

Château de Charmes-sur-l'Herbasse

  • Château et Devey
  • 26260 Charmes-sur-l'Herbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Château de Charmes-sur-lHerbasse
Crédit photo : Roger MOREL - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIVe siècle, XIXe siècle

Patrimoine classé

Château (cad. B 91) : inscription par arrêté du 4 août 1986

Origine et histoire du Château de Charmes-sur-l'Herbasse

Le château de Charmes‑sur‑l'Herbasse se dresse au nord du bourg du même nom, dans la Drôme, dominant la vallée de l'Herbasse et offrant une vaste vue sur la Drôme des collines, à environ 25 km au nord de Valence. On y accède par la route du château, une petite voie en lacets, ou à pied. Construit au XIe siècle sur l'emplacement supposé d'une tour en bois et d'une enceinte du Xe siècle, il appartient aux Nerpol aux XIIIe et au début du XIVe siècle. En 1340 Aymare de Nerpol épouse Jordan II de Batarnay ; leur fils Joachim hérite en 1406 du château. Selon la tradition, Imbert de Batarnay (1438?-1523), qui y serait né et y séjourna dans sa jeunesse, rencontre alors le dauphin futur Louis XI et entre à son service, devenant plus tard chambellan ; il épouse Georgette de Montchenu à Charmes en avril 1463 et conserve la faveur des souverains suivants. À la Renaissance, l'édifice est transformé en manoir : anciennes ouvertures murées, larges fenêtres à meneaux, nouvelles portes au rez‑de‑chaussée et réaménagement des niveaux intérieurs. Au milieu du XVIIe siècle, Jacques Coste, premier président du Dauphiné au parlement de Grenoble, fait élever la terre en comté et aménage l'intérieur en installant notamment des cheminées de marbre de style classique ; un décor en grisaille de l'oratoire porte les blasons de Coste et de son épouse Marie‑Françoise de Simiane. Au XVIIIe siècle des bassins sont creusés dans les jardins et alimentés par un système captant une source située à 1,6 km en amont vers Saint‑Mury ; le château n'est pas dégradé pendant la Révolution. Au XIXe siècle figurent des interventions néogothiques (encadrements, rampe d'escalier, boiseries) et la création d'un remarquable escalier néogothique en bois entre le premier et le deuxième étage. Pendant la guerre de 1870 le propriétaire Auguste de Beugny d'Hagerue commande des troupes locales ; la propriété change ensuite de mains jusqu'en 1943, puis appartient au baron Marc Demarçay de 1943 à 1979. Des interventions peu heureuses ont lieu dans les années 1980, mais l'édifice est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1986. Entre environ 2000 et 2013 le château, inhabité, est squatté et subi de nombreuses dégradations : tags, vols d'éléments décoratifs, démontage de cheminées et arrachage de tommettes. En 2017 Nicolas Chenivesse devient propriétaire, avec un associé jusqu'en 2022, et entreprend la restauration avec des bénévoles : réparations des toitures des tours et du donjon, restauration et ameublement de la majeure partie des intérieurs, rachat ou restitution d'éléments authentiques, copies sculptées pour remplacer des pièces volées et réinstallation de cheminées anciennes. À l'extérieur, bassins et parc sont remis en état, des allées sablées tracées, des buis et des rosiers anciens plantés, et un bassin quadrilobé orné de têtes de lions, inspiré de la Renaissance italienne, a été installé ; le domaine privé est ouvert à la visite et accueille des animations. Le château a un plan quadrangulaire couvert de tuiles et percé de nombreuses cheminées ; un donjon est adossé à la façade nord dont la toiture forme une avancée. La base du donjon est entourée d'une construction de maçonnerie talutée surmontée d'une terrasse abritant un nymphée ; la façade sud comporte six fenêtres dont quatre sont munies de meneaux et de traverses et est encadrée de deux tours rondes coiffées de toits coniques. Le donjon n'est accessible qu'au deuxième étage, les niveaux inférieurs ayant été condamnés, et d'importants souterrains, aujourd'hui en grande partie effondrés, semblent remonter au XIVe siècle ; les murs atteignent près de trois mètres d'épaisseur à la base et s'enfoncent à six mètres dans le sol. L'aspect général a peu changé ; les modifications les plus visibles concernent les ouvertures et les toitures. Sur la façade sud subsistent les armoiries des Nerpol en bas‑relief — d'argent à la bande de gueules, au chef d'azur chargé de clés d'or en sautoir, surmontées d'un heaume — rappelant leur possession aux XIIIe et au début du XIVe siècle. À l'intérieur, le rez‑de‑chaussée comprend une salle à manger avec une cheminée sculptée portant un écu peint d'azur aux besants d'or, des volets intérieurs et des boiseries du XIXe siècle, ainsi qu'une cuisine avec une vaste cheminée. Le grand escalier à rampe néogothique en pierre mène au premier étage ; sa fenêtre présentait autrefois, en bas, les armoiries des dauphins d'Auvergne (d'or au dauphin pâmé d'azur), volées dans les années 2000, tandis qu'en haut subsistent les armes de Savoie (de gueules à la croix d'argent), souvenir du mariage vers 1530 de René de Batarnay avec Isabeau de Savoie. Le grand salon du premier étage possède une cheminée d'inspiration Renaissance et des boiseries richement sculptées, dont plusieurs éléments volés ont été refaits à l'identique après 2017. Le petit salon présente un lambris restitué et des soieries vertes posées en 2021 ; sa cheminée, volée, a été remplacée par une cheminée en marbre blanc de style Louis XV provenant d'un appartement de Genève. À ce niveau se trouvent aussi une chambre d'apparat lambrissée avec cheminée de marbre et un boudoir tendu d'un papier peint anglais posé après 2017, la cheminée y ayant été remplacée par une cheminée de pierre blanche du XVIIIe siècle. Au deuxième étage, plusieurs pièces restent à restaurer après les dégradations du début du XXIe siècle ; l'oratoire du donjon conserve des peintures en grisaille du XVIIe siècle et les blasons de Jacques Coste et de son épouse, et son retable en bois, déposé au musée diocésain de Mours‑Saint‑Eusèbe, pourrait être restitué au château. Un tableau du XVIIe siècle représentant saint Sébastien, peint pour l'oratoire, est exposé dans l'église Saint‑Alban située au pied du château, et le troisième étage comprend des chambres autrefois occupées par les domestiques, meublées après 2017.

Liens externes