Origine et histoire du Château de Château-Gontier
Le château de Château-Gontier est un ancien édifice situé à Château-Gontier, en Mayenne; des vestiges des fortifications subsistent rue du Théâtre et les restes du château du XIIIe siècle sont inscrits aux Monuments historiques par arrêté du 5 avril 1930. Le comte d'Anjou Foulque Nerra donna le domaine de Bazouges et son église aux bénédictins de l'abbaye Saint-Aubin d'Angers entre 988 et 999, en leur laissant tous les droits féodaux, census et vendas. Les moines élevèrent le prieuré Saint-Jean-Baptiste sur ce domaine. Pour renforcer ses frontières avec la Bretagne, Foulque Nerra fit édifier un château à la pointe de la conquête bretonne, vraisemblablement pour s'opposer aux prétentions des Bretons. Le Cartulaire de Saint-Aubin relate l'établissement du château par Foulque Nerra l'année de la naissance de Geoffroy Martel (1007) et indique que la garde fut confiée à un villicus nommé Gontier, vassal de Foulque III Nerra. Une notice de 1037 distingue la construction du château par Foulque Nerra (1007), la tour commencée par lui et achevée par Renaud Ier de Château-Gontier, et la concession par les moines d'un terrain équivalent au quart de leur cour de Bazouges. Un fortin fut d'abord élevé, puis un grand donjon achevé par Renaud Ier, fils d'Yves. Renaud Ier obtint du supérieur de l'abbaye le quart de la cour de Bazouges pour l'inclure dans l'enceinte de la ville et s'engagea à le tenir à foi et hommage; il fit enclore ce terrain, correspondant au périmètre primitif de la ville, sans qu'il soit laissé à ses successeurs de l'agrandir. Vers la fin de l'année 1066, Conan II de Bretagne profita d'un affaiblissement des comtes d'Anjou pour occuper Pouancé, prendre Segré et avancer jusqu'à Château-Gontier, qu'il assiégea et prit selon Guillaume de Jumièges. Conan trouva la mort devant la cité le 11 décembre 1066, empoisonné selon certains récits attribués à Guillaume le Bâtard. Cette campagne paraît viser à rétablir l'autorité bretonne dans un territoire dont les invasions normandes les avaient repoussés. Les Bretons avaient fortifié la région par des retranchements comprenant deux fossés et deux haies de terre, appuyés par des boulevards; l'emplacement de ces ouvrages est encore perceptible le long d'un tracé jalonné par des lieux comme « les Miaules ». On sait aussi qu'au Xe siècle les Bretons maintenaient leur influence dans cette région qui englobait le Craonnais. Placé à l'extrémité nord-est de la ville, le château souffrit de l'occupation anglaise de 1368-1369 et, en 1414, il est mentionné comme « Chastel anxien à présent démoly ». Plusieurs auteurs rapportent qu'en 1628 le cardinal de Richelieu, de passage à Château-Gontier, ordonna la destruction des ruines du château; l'abbé Angot, s'appuyant sur l'étude d'Emmanuel Marie Félix Chiron du Brossay, appelle cependant à réexaminer l'attribution à Richelieu de ces ordres de démolition. Par la suite on signale les vestiges et mazures du logis seigneurial ainsi que des galeries souterraines découvertes lors des démolitions. Une autre maison fut construite en 1731 sur l'emplacement de l'ancien château; elle existe encore. La succession des gouverneurs et capitaines de la ville et du château est attestée du XIVe au XVIIe siècle : Philippe de Salles (1371), Jean Clairambault (1373, 1376), Guillaume de Meaulne, seigneur de Coulonges (fin du XIVe siècle), Renaud du Matz, qui servit sous Bertrand du Guesclin (1385), Pierre de Bertenville, qui participa à une expédition à Lassay-les-Châteaux en 1432, Pierre de Meaulne (1454), Jean d'Ingrandes (1478) et Pierre d'Acigny (1483). Aux XVIe et XVIIe siècles figurent Robert Vachereau (1567), René de Baubigné (1569-1570), Pierre de Rallais, seigneur de Beauregard (1574-1575), Louis de Champagné (noté en 1589 pour la Ligue, en mai 1592 après la bataille de Craon, en juin 1595 et encore en 1605; † 1613), Joachim de la Chesnaie, cité en 1560 et 1602 et gouverneur pour Henri IV en 1589, D'Andigné de Maineuf (1602), Mathurin de Montalais et Louis de Plan qui eurent également un commandement, Pierre de Champagné (1615), Duverger au nom du seigneur de Château-Gontier (1651), Antoine Arnauld, sieur de Longchamp (1657), et Charles d'Anthenaise, seigneur du Port-Joulain (1669, 1692).