Période
XVe siècle, XVIe siècle
Patrimoine classé
Château (cad. AC 9) : inscription par arrêté du 19 février 1926 ; Tous les éléments bâtis, en totalité, et tous les sols compris dans les enceintes du château, de ses dépendances, de son parc et de son potager ainsi que leurs murs de clôture, les terrasses, les murs de soutènement et les tours de défenses extérieures du château, tels que représentés sur le plan annexé à l'arrêté et figurant au cadastre section AC sur les parcelles n°1, 3, 4, 7 à 9, 11 à 15, 17 à 19, 258 à 260, 262 à 270, section AB, sur les parcelles n°89 à 92 : inscription par arrêté du 8 juin 2021
Origine et histoire du Château de Châteauneuf-sur-Cher
Le château de Châteauneuf-sur-Cher se dresse sur un promontoire dominant la vallée du Cher. Un premier château, élevé au XIe siècle pour contrôler la vallée, appartient jusqu'au XVIe siècle à de grands feudataires, notamment les familles des Déols-Châteauroux et de Culan. La forteresse est reconstruite au XVe siècle pour la famille de Culan puis, vers 1580, pour la famille de L'Aubespine ; la corniche du pavillon d'entrée porte la date 1581 et un panneau de l'aile sud la date 1582. Le soubassement conserve des vestiges du château du XIIIe siècle. En 1564 la baronnie est achetée par Claude II de L'Aubespine, secrétaire d'État du roi Henri II, et le château est incendié par les Protestants en 1569 au début des Guerres de religion. Le fils de Claude II, Guillaume de L'Aubespine, le reconstruit dans le style de la fin de la Renaissance. La baronnie est ensuite saisie sur Charles de L'Aubespine et adjugée à Colbert, puis passe au XVIIIe siècle entre les mains de plusieurs propriétaires, dont Paul-Edouard d'Estouteville de Creully, le comte de Pontchartrain et Paul-François de Galluccio, marquis de L'Hôpital. Mis en vente comme bien national en 1793, le château est acquis par Claude Caroillon des Tillières, puis, par alliance, entre dans la famille de Maillé en 1845. En 1889 le fils des Maillé restaure entièrement le monument, qui demeure résidence de la famille tout au long du XXe siècle. Lors de sa retraite en septembre 1944, la colonne allemande du général Botho Henning Elster s'installe chez le duc de Maillé ; la reddition est organisée avec des officiers de la Résistance et signée le 10 septembre à Issoudun. Vendu en 2001 à un promoteur qui le divise en 60 lots, le château voit ses intérieurs transformés en appartements puis abandonnés en 2006, entraînant pillages et vandalisme. À partir de 2015, Claude et Mireille Charrier rachètent le monument lot par lot et entreprennent sa restauration. Le château est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 19 février 1926 et, en juin 2021, l'ensemble des éléments bâtis de l'enceinte ainsi que ses dépendances, son parc, son potager, leurs murs, terrasses, murs de soutènement et tours de défense extérieures sont protégés. L'édifice présente deux corps de logis parallèles reliés par un bâtiment ; il domine une lice aménagée sur la pente et soutenue par un rempart venant de la ville. Un fossé en demi-cercle l'isole d'un vaste parc au nord et d'une avant-cour au sud ; deux ponts franchissaient autrefois ce fossé, seul celui du sud subsiste et précède un châtelet cantonné de tours jumelles coiffées en poivrières. Le porche d'entrée, en plein cintre et carrossable, est encadré de refends et flanqué de deux tours fortifiées percées de meurtrières ; pilastres et chapiteaux ornés de volutes et d'oves le soulignent, et une frise à triglyphes et métopes orne le pavillon d'accès. À l'est subsiste une épaisse courtine médiévale arrondie et percée de rares ouvertures ; à l'ouest la façade rebâtie au XVIe siècle, puissamment talutée, culmine à trente mètres au-dessus de la lice et s'ouvre sur trois niveaux d'ouvertures, la plupart agrandies au XVIIIe siècle. La toiture conserve des lucarnes Renaissance à baies géminées ; l'angle nord‑ouest est occupé par la base du donjon, surmontée au début du XXe siècle d'une tour plus étroite élevée à la même hauteur que l'ensemble. À travers le châtelet, un passage voûté mène à une cour carrée de 35 mètres de côté bordée de trois corps de bâtiment perpendiculaires ; le quatrième, au nord, a été abattu au XVIIIe siècle pour ouvrir la vue sur le parc. Les façades de la cour affichent un ordonnancement de la Renaissance classique : six travées régulières, un porche central en plein cintre bordé de pilastres, une frise d'inspiration grecque et un fronton portant les initiales des bâtisseurs ; au rez-de-chaussée, six arcades en plein cintre encadrées de bossages ouvraient sur des galeries, tandis que des armoiries et ornements attribués à l'atelier de Germain Pilon ornent notamment la face ouest. Malgré les destructions, l'intérieur conserve trois salles ornées de boiseries dorées remarquables.