Origine et histoire du Château de Châteldon
Le château de Châteldon, château fort situé au centre du village de Châteldon (Puy-de-Dôme), est mentionné dès 1200 par un acte signalant l'hommage rendu par son propriétaire au sire de Bourbon. Sa construction remonterait probablement au XIIe siècle; la basse-cour, bâtie au XIIIe siècle, et des éléments des écuries, dont le bas-relief laisse supposer une origine ancienne, témoignent de cette ancienneté. La chapelle encore conservée date au moins du début du XIVe siècle, comme le montrent les fresques qui y ont été exécutées. À partir de 1489, le château fut réédifié. Les registres cadastraux de 1859 mentionnent une destruction et une reconstruction partielles au milieu du XIXe siècle. Le grenier, situé dans la basse-cour, comporte un escalier et trois cheminées de style XVIIIe siècle. Le domaine passa entre de nombreuses mains ; parmi les titulaires de la seigneurie et les propriétaires figurent Archambaud (1108), Humbert de Beaujeu (1283) puis plusieurs membres de la famille Aycelin de Montaigut (Jean-Aubert, Gille, Gilles I et II), suivis des familles de Vienne, de Villandrando, de la Fayette, de Daillon, de la Guiche, de Schomberg, de Melun et d'autres maisons nobles. En 1433, alors que Rodrigue de Villandrando était seigneur, le château fut assiégé par une bande de pillards anglo-bourguignons ; une chanson patoise et la tradition locale évoquent la défaite des assaillants, le lieu-dit « la Mort Gate » où le chef anglais aurait été tué et un champ servant de cimetière aux Anglais. Après la Révolution, le château fut vendu comme bien national ; il appartint ensuite à divers propriétaires, dont Jean-Claude Douet, puis fut acquis à l'an IV par Hughes Debrit et transmis à son fils. Au XIXe siècle la propriété passa encore entre plusieurs mains jusqu'à la fin du siècle. En 1931 Pierre Laval, originaire du village, racheta le château pour 200 000 francs et fit d'importantes restaurations ; il y vécut entre 1942 et 1944 alors qu'il était chef du gouvernement du régime de Vichy. Laval fit aménager un mausolée dans la cour et souhaitait y être enterré, mais les demandes ultérieures de sa fille furent refusées et il est inhumé au cimetière du Montparnasse. Le château fut réquisitionné à la Libération en 1944 pour accueillir des rescapés des camps de concentration et d'anciens prisonniers de guerre ; il fut restitué en 1948 à la fille unique de Pierre Laval, Josée de Chambrun, qui obtint une indemnité en 1951 pour « mise en vente illégale ». La propriété appartient aujourd'hui à la fondation Josée-et-René-de-Chambrun et n'est pas ouverte au public. Le château est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1926.