Origine et histoire du Château de Chatenet
Le château de Chatenet, à Rétaud (Charente-Maritime), est une demeure fortifiée de plaine édifiée sur un site archéologique. À l'origine, l'ensemble formait une enceinte presque carrée, avec un donjon rectangulaire à l'angle est et de petites tours de défense aux angles nord, ouest et sud ; le donjon présentait des mâchicoulis de pierre à trois angles extérieurs. Seule la tour nord a conservé l'intégrité de son soubassement, avec ses meurtrières et sa couverture ; la tour ouest est en ruines et des travées de la tour sud subsistent intégrées au logis reconstruit au XVIIe siècle après le donjon. Le portail d'entrée actuel semble être une reconstruction du XVIIe siècle. Le donjon a conservé ses défenses : il comprend un rez-de-chaussée voûté tandis que les deux étages supérieurs sont effondrés, et sa charpente paraît remonter, pour l'essentiel, au XVe siècle. Une porte fortifiée ouvre sur la cour. Le donjon, rectangulaire et haut d'environ 12 mètres, est constitué d'un rez-de-chaussée semi-enterré surmonté de deux étages communiquant avec le logis, desservis par un escalier à vis logé dans une tourelle ronde ; son sommet forme un étage de défense sous charpente. L'une des tours a successivement servi de pigeonnier, de buanderie puis de four à pain. L'aile la plus ancienne du logis comporte un vestibule pourvu d'un escalier en pierre et deux pièces. Un habitat gallo-romain aurait précédé l'occupation médiévale du site. Le fief de Chatenet aurait appartenu à la commanderie des Épeaux de Meursac, et Renaud de Beaumont l'aurait acquis en 1302 ; la tradition prête au XIVe siècle le début de la construction du donjon, destiné à surveiller les deux routes qui se croisaient au pied de la fortification. Au XVe siècle, une branche cadette des Beaumont aurait restauré les bâtiments et entouré le château d'une enceinte à tours d'angle accessible par une grande porte. Des actes de la fin du XVe siècle confirment la propriété de la forêt par les Beaumont, puis la seigneurie passa entre diverses mains, notamment les Chaudrier et la famille de Clermont, jusqu'à Claude-Catherine de Clermont qui l'apporta par mariage à Albert de Gondi. Attirés par la vie de cour, les héritiers se départirent progressivement de leurs terres et la seigneurie fut cédée peu avant 1597 à Nicolas Desmier, dont la famille conserva Chatenet jusqu'en 1761. En 1761 la propriété fut vendue à Pierre-Charles Mossion de La Gonterie, puis revendue en 1771 à Michel-Joseph Froger de l'Éguille ; un partage familial en 1781 attribua le château à Marie-Thérèse-Armande Froger de L'Éguille, épouse de Henry de Brétinauld. Le domaine passa ensuite dans plusieurs familles, fut saisi puis adjugé en 1828 à Louis-Paul Frétard d'Écoyeux, et, après être échu en 1854 à sa fille Anne-Paule, connut des travaux et des modifications sous l'autorité du marquis de Sérigny. Le domaine fut vendu en 1885 à Léo Reddon, puis transmis à sa fille Marie-Marguerite, épouse de Pierre-Albert Favre, homme politique et maire de Rétaud, qui fut mis en cause dans des affaires publiques avant d'être, après la guerre, condamné pour faits de collaboration entraînant la confiscation de ses biens. Saccagé et pillé lors de la Libération, le château, dont Favre détenait l'usufruit depuis 1937, fut attribué en 1946 à Gaëtan Martin puis connut une longue période d'abandon qui aboutit à l'effondrement du donjon, malgré les mesures de protection intervenues en 1942. Le donjon est classé au titre des monuments historiques depuis le 23 mars 1942 et le reste de l'édifice est inscrit depuis le 22 juillet 1942. En 1997, le colonel Jérôme Arnauld des Lions et son épouse Diane ont racheté la bâtisse et entrepris sa restauration progressive.