Origine et histoire du Château de Châtillon
Le château de Châtillon est un ancien château fort du XIe siècle, remanié aux XVIe, XVIIIe et XIXe siècles, situé à l'extrémité nord du lac du Bourget sur la commune de Chindrieux, en Savoie. Perché sur un rocher rive droite à environ deux kilomètres au sud-sud-ouest du bourg, il dominait autrefois le lac de Châtillon, aujourd'hui lac du Bourget. Le château fut le centre de la seigneurie de Châtillon, composée des paroisses de Chindrieux, Ruffieux et le Mollard de Vion. Il est cité dès 1125 et appartenait aux seigneurs de Châtillon, branche cadette de la famille de Montluel, vassaux des comtes de Genève. L'historien local Georges Chapier attribue au château la naissance, au XIIe siècle, de Geoffroy (ou Girard) de Châtillon, futur pape. Le domaine passa ensuite entre diverses familles, notamment les Montluel, les Seyssel d'Aix, les Rambert puis les barons d'Anglejean. Des hommages et partages successifs placèrent la seigneurie sous la suzeraineté, à divers titres, des comtes de Savoie, de la maison de Faucigny et des Dauphins de Viennois, avant qu'elle ne revienne définitivement à la maison de Savoie en 1401. Au fil des siècles, le château changea d'héritiers par successions et mariages : les Montluel puis, à partir de 1486, les Seyssel d'Aix, qui cessèrent d'y résider au XVIe siècle et donnèrent les terres en fermage. À la fin du XVIIIe siècle, en 1756, il devint la propriété du sénateur Joseph Rambert, qui en réalisa d'importantes restaurations; son fils Hyacinthe aménagea ensuite jardins et terrasses et conserva le domaine pendant la Révolution. Le château passa ensuite à Antonin Rambert, puis, par alliance, à la famille d'Anglejean ; Robert d'Anglejan prit plus tard le titre de baron de Châtillon. Vers 1889, le bâtiment fut transformé en hôtel pendant un temps, et des membres de la famille de Boysson y vécurent leurs premières années. Classé partiellement au titre des monuments historiques par arrêté du 29 avril 1991, seuls le donjon polygonal, la grosse tour carrée et le châtelet d'entrée sont inscrits. Le château est principalement construit en tuf et en pierre calcaire; une enceinte adaptée à l'éminence qui le surplombe, élevée au XIIIe siècle et restaurée en 1307, entoure un logis en partie du XVe siècle. Louis de Seyssel remania et agrandit ce logis en 1537; côté lac, le bâtiment est flanqué d'une tour ancienne dont la datation reste incertaine. L'ouvrage comporte plusieurs accès; à l'angle nord-ouest, une tour octogonale en tuf, à parement extérieur composé de larges dalles, présente un intérieur circulaire et un rez-de-chaussée voûté en coupole attribué au XVe siècle. L'aspect polygonal de cette tour laisse supposer qu'elle était à l'origine ronde et qu'elle fut transformée; ses étages sont desservis par un escalier à vis latéral. De nombreux remaniements affectèrent l'ensemble au fil des époques, en particulier aux XVIIIe et XIXe siècles. Le château a inspiré la littérature et les arts : il figure dans une des Méditations poétiques de Lamartine, « La Retraite », et Amédée Achard en parle dans son roman Une Saison à Aix-les-Bains. Il a également servi de lieu de tournage pour des films et téléfilms, notamment Mon petit doigt m'a dit... (2005) et Associés contre le crime (2012) de Pascal Thomas, ainsi que pour un épisode de la série Cassandre en 2020. Un monument dédié à Lamartine fut érigé près du château le 11 août 1920 par François Boreau; œuvre du sculpteur Mars Valett, la statue en terre glaise fut transportée par bateau depuis Chambéry via la Leysse et le lac du Bourget et se trouve depuis sur une propriété privée.