Origine et histoire du Château de Chaulieu
Le château de Chaulieu est une ancienne demeure fortifiée du XVIe siècle, située à Chaulieu, dans le Mortanais, au sud-est du département de la Manche en Normandie, à 1,2 kilomètre au nord‑ouest du bourg de Saint‑Sauveur‑de‑Chaulieu, ancienne commune intégrée à Chaulieu. Vers 1552, Thomas Bourget associe le vocable de « Chaulieu » à ses sieuries ; c’est probablement son neveu Pierre Bourget qui fait édifier la cour de Chaulieu sur l’emplacement d’un ancien château. Pierre Bourget, receveur des tailles à Vire et à Conches en 1587, termine sa carrière au bureau des Finances de Caen et meurt en 1638 après avoir adhéré au protestantisme ; sa famille conserve le château jusqu’en 1706. En 1709, le domaine appartient à Jacques de Carbonnel, également protestant et issu de la bourgeoisie caennaise ; en 1742 il passe dans la famille de Calmesnil par le mariage de Marguerite‑Jacqueline de Carbonnel avec Gabriel‑Jacques de Calmesnil, qui vend le château en 1753 à Julien des Rotours, seigneur de la Lande‑Vaumont. La famille des Rotours conserve Chaulieu jusqu’en 1989. Au printemps 1796, Louis de Frotté séjourne au château avec une quinzaine de ses officiers ; c’est la même année que Jacques‑Augustin de Rotours, baron de Chaulieu, y décède et que son fils Louis‑Jules‑Auguste lui succède comme maître des lieux de 1796 à 1852. Louis‑Jules‑Auguste prend parti pour la chouannerie dès l’âge de seize ans en rejoignant l’armée royale de Normandie commandée par Frotté ; blessé lors d’une attaque contre Vire le 27 octobre 1799, il échappe aux « bleus » et regagne ensuite son manoir. En août 1944, la 29e division d’infanterie américaine du général Gerhardt installe son poste de commandement au château ; les bâtiments sont sérieusement endommagés lors de la contre‑attaque de Mortain la même année et demeurent ensuite à l’abandon. En 1989, M. et Mme Cenni acquièrent le manoir et entreprennent sa restauration.
Le bâtiment de plan massé présente une forme quadrangulaire à un étage, flanqué de deux échauguettes défensives sur culot ; l’étage s’éclaire par trois fenêtres à meneaux disposées sous trois lucarnes en toiture. Devant le château se dresse l’ancien pavillon de garde du XVIe siècle ; l’ensemble est complété par des douves et par la porte d’entrée à l’ouest, dont un des piliers porte un décor sculpté en pierre. À l’intérieur, on remarque deux cheminées en granit, dont une cheminée peinte du XVIIIe siècle située dans le grand salon, qui présente un plafond peint polychrome ; on y trouve également un ensemble de mobilier et un agencement défensif des pièces qui se protégeaient mutuellement en enfilade par des portes, escaliers et couloir.
Le château fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques : par arrêté du 25 juillet 1973 sont inscrites les façades et toitures du château, de l’ancienne chapelle et des anciennes écuries, ainsi que la cheminée de la grande salle au rez‑de‑chaussée.