Origine et histoire du Château de Chaumont à Oyé
Le château de Chaumont, situé sur la commune d’Oyé en Saône‑et‑Loire, est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques. Les origines du domaine remontent aux années 1070‑1080, période à laquelle le cartulaire du prieuré de Marcigny conserve des actes relatifs à la donation de deux manses par le seigneur d’Oyé à l’abbaye de Cluny. À cette époque, Geoffroy III, seigneur de Semur, détient la seigneurie d’Oyé ; son oncle Hugues, abbé de Cluny depuis 1049, renforce les liens entre la famille de Semur et l’abbaye, ce qui laisse supposer que l’origine du fief de Chaumont provient d’une donation clunisienne. Selon l’abbé Courtepée, la seigneurie de Chaumont a été acquise de l’abbé de Cluny par Hector Andrault de Langeron en 1638. La propriété passe ensuite, à la fin du XVIIe siècle, des Andrault de Langeron à Antoine Circaud, bourgeois et marchand de Sancenay, qui apparaît dans le registre de la taille de 1690 aux côtés de Jean Mathieu, également natif de Sancenay et procureur fiscal de la baronnie d’Oyé ; ces deux familles sont parentes et associées dans leurs activités. Circaud et Mathieu partagent probablement la demeure de Chaumont et développent ensemble une importante activité de commerce de bestiaux entre 1746 et 1760 : leurs livres de comptes indiquent l’achat de 13 558 bœufs pour 1 887 260 livres et la vente de 13 715 animaux pour 2 121 864 livres, dégageant un profit brut de 233 904 livres. Dans les années 1760, les Mathieu quittent Chaumont ; la famille Circaud y progresse socialement et Jean Circaud II accède à la noblesse par l’achat d’une charge de secrétaire du roi près le parlement de Grenoble, apparaissant dans les actes sous le titre d’écuyer. À la mort du petit‑fils de Jean Circaud en 1834, le domaine passe à Christine‑Hélène Circaud et à son époux Alphonse‑Jules‑François Michon du Marais, militaire et homme politique qui devient baron par lettres patentes en 1869. Son petit‑fils Albert du Marais développe le domaine au XXe siècle en acquérant des bâtiments voisins, notamment ceux du domaine de Daron en 1925, et en augmentant la surface en herbe de l’exploitation par conversion et achats de parcelles, faisant passer la surface de 66 hectares avant 1911 à plus de 100 hectares en 1933. Le château actuel est principalement une construction du XVIIIe siècle, érigée sur les bases d’un bâtiment de la fin du Moyen Âge et remaniée dans la première moitié du XXe siècle ; une partie du bâti primitif subsiste, notamment trois pièces du rez‑de‑chaussée voûtées sur croisées d’ogives et des ouvertures en arc en accolade datées de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. La « grande grange », citée dans un document de 1651, est conservée quoique transformée. Dans le troisième quart du XVIIIe siècle, Jean Circaud fait édifier un logis neuf flanqué de quatre pavillons d’angle et de deux ailes en retour d’équerre au nord, travaux achevés en 1777 selon les archives privées du château. Les restaurations et aménagements du XXe siècle, menés entre les années 1920 et la fin des années 1950 sur des plans de l’architecte Antoine‑Louis‑Joseph Sainte‑Marie Perrin, ont surtout consisté en l’ajout d’un décor sculpté néo‑gothique et néo‑Renaissance sur les façades de la cour d’honneur, la création d’une salle de réception et l’aménagement d’une chapelle dans la grande grange. De nombreux éléments — lucarnes, tour d’escalier, échauguettes — proviennent de l’ancien château de Moulin‑l’Arconce, tandis que d’autres pièces ont été créées pour enrichir la composition, comme des médaillons des rois de France et des statues de saint Louis, Blanche de Castille et de la Vierge à l’Enfant. À l’intérieur, une fresque réalisée en 1956‑1957 par le peintre Léon Raffin orne la grande salle et illustre plusieurs épisodes de la vie de saint Louis, complétant un décor de lambris en plis de serviette. Le plan en U du château s’organise autour d’un corps central sur deux niveaux, flanqué de deux tours carrées en façade extérieure et de deux larges pavillons en façade sur cour prolongés par des ailes ; chaque aile est dotée d’un pavillon d’angle et l’une abrite la chapelle voûtée en bois et la grande salle d’apparat décorée de lambris et d’une fresque sur trois pans de murs. Les façades présentent un abondant décor sculpté comprenant encadrements moulurés, archivoltes, bas‑reliefs, médaillons et statues en ronde‑bosse. Le bâtiment du XVe siècle provenant de Moulin‑l’Arconce a été rebâti dans l’alignement du corps principal. Le château se déploie au cœur d’un parc paysager d’environ sept hectares, ponctué d’allées bordées d’ifs taillés, de statues décoratives et de parterres gazonnés ; une grille dissimule une charmille taillée en arc et l’ensemble est entouré de massifs et d’arbustes taillés. Propriété privée, le château ouvre au public sa grande salle, sa chapelle et son parc durant le mois d’août et constitue aujourd’hui l’un des sites patrimoniaux majeurs du Brionnais.