Origine et histoire du Château de Chazeron
Le château de Chazeron, situé à Loubeyrat dans le Puy-de-Dôme, occupe une colline au riche passé archéologique et légendaire. Selon une tradition rapportée dans les tablettes de Theonugus l'ancien, la colline abritait une source sacrée et un culte gaulois lié à l'ours et à l'eau, éventuellement associé à des divinités telles que Grannos et Sirona. Le site fut également un oppidum fortifié dès le IVe siècle av. J.-C. ; après un siège long et difficile il passa aux Romains, qui, selon la tradition, reçurent en 53 av. J.-C. des terres environnantes. Les mentions historiques sont rares entre l’époque romaine et l’an 329, où il réapparaît dans les chroniques lors d’un siège avorté.
Au cours du haut Moyen Âge l'occupation se poursuit et, au XIe siècle, le donjon et dix-sept tours d’angle sont édifiés au terme de travaux qui durèrent soixante-huit ans, conférant au site un rôle stratégique important dans la région. La seigneurie s’étendait alors largement sur le territoire alentour.
La composition actuelle du corps de logis résulte d’une demeure seigneuriale du XVe siècle, aménagée et développée aux XVIIe et XVIIIe siècles : des bâtiments flanqués de tours entourent une cour centrale, transformée au XVIIe siècle en cour d’honneur par l’ouverture sur l’esplanade. Pour cela, une aile fut supprimée et remplacée par un portique à jour précédé d’un large perron à double rampe. Devant le château, des communs à un étage mansardé et une terrasse se développent de part et d’autre d’une esplanade close par un mur percé d’une grille ; dans les jardins et au-dehors subsistent des vestiges du XVIIIe siècle.
En 1688, pour recevoir Louis XIV et célébrer la decoration du marquis François de Monestay, ce dernier fit appel à l’architecte Jules Hardouin-Mansart pour transformer le château médiéval en résidence de style classique, tandis que Le Nôtre fut chargé des jardins au sud. Le marquis mourut avant l’achèvement des travaux ; le château servit ensuite à former une cavalerie d’élite. On suppose que des difficultés de gestion de l’eau pour les fontaines ont limité les ambitions du projet.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le château fut utilisé comme prison d’État par le régime de Vichy : le 6 septembre y furent incarcérés Édouard Daladier, puis, jusqu’au 13 septembre, Georges Mandel, Paul Reynaud, Maurice Gamelin et Léon Blum ; ils y restèrent jusqu’à la mi-novembre 1940 avant d’être transférés vers d’autres lieux. Les détenus durent assumer les frais de leur détention. À partir de 1942, le château fut reconverti en collège des Chantiers de la jeunesse française.
Le donjon, la grande cour d’honneur et les bâtiments des communs font l’objet d’une protection au titre des monuments historiques par décret du 2 juin 1944. Le parc, dessiné au XVIIe siècle et repris au XVIIIe siècle, figure au pré-inventaire des jardins remarquables.