Origine et histoire du Château de Cheffontaines
Château de Cheffontaines
Situé à Clohars-Fouesnant dans le Finistère, le domaine rassemble les terres autrefois nommées Kergoat et Bodigneau, qui faisaient partie des places fortes défendant la Cornouaille du sud. Kergoat et Bodigneau servaient de garnisons aux ligueurs jusqu'à la prise de Quimper par le maréchal d'Aumont, qui ordonna le démantèlement des fortifications ; Bodigneau obtint cependant une exception inscrite à l'article XVI de la capitulation du 11 octobre 1594 et, à défaut d'exactions, échappa à la destruction. Les défenses de l'ancien château féodal de Kergoat furent démantelées : seuls subsistent aujourd'hui les deux étangs et le corps de logis central, qui devint la résidence des Penfentenio. En 1662 Jean de Penfentenio acheta Bodigneau à Barthélémy Rosmadec et, en 1680, obtint l'érection en chatellenie des terres de Kergoat et de Bodigneau sous le nom de Cheffontaines, forme francisée de Penfentenio (pen : tête ou chef, fentenio : fontaine). La seigneurie fut érigée en marquisat en 1766 et le nouveau marquis fit construire une résidence adaptée à ce titre ; pour cela Bodigneau fut en grande partie abattu afin de fournir le granite nécessaire à l'édification de l'actuel château. Au moment de la Révolution, le château n'était pas encore achevé : les écuries et les pavillons jouxtant les douves ne furent jamais réalisés. Le parc comptait de nombreuses essences rares et l'accès se faisait par une grande avenue évoquant les vastes percées du Grand Siècle ; dans sa partie la plus étroite elle mesure 1,10 m de large.
La meute de chiens des marquis, employée notamment pour la chasse au loup, fut abandonnée et laissée à mourir lors de l'émigration du marquis Jonathas Ier Marie Hyacinthe de Penfentenyo et de sa famille, d'où est né le dicton local « Hurler comme les chiens de Cheffontaines ». Saisi comme bien national à la Révolution, le château fut vendu et appartint successivement à Paul Célarier Damiguet de Vernon, à Aimé-Désiré Calloch de Kérillis — époux De Miollis, mousquetaire de la garde royale et maire de Clohars-Fouesnant de 1821 à 1823 —, à Étienne Le Bourhis, qui obtint en 1834 l'autorisation d'y installer une fabrique de bleu de Prusse, puis à Hyacinthe Quemper de Lanascol, époux Russel de Bedford, avant que la famille de Penfentenyo ne rachète la propriété en 1860. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château échappa aux réquisitions allemandes parce que l'épouse du marquis était de nationalité suisse ; en revanche, les hêtres de l'allée de 1,7 km furent abattus pour aménager un terrain d'atterrissage qui ne servit jamais, et des hêtres furent replantés au début de la décennie 1950.
L'édifice actuel reprend la structure d'une malouinière, flanqué de deux grands pavillons prolongés par deux petits pavillons abritant la chapelle et la bibliothèque. Le château a été inscrit dans son ensemble au titre des monuments historiques le 25 février 1928 ; le logis a été classé le 26 mars 1958, les autres parties sont restées inscrites, et le parc a été classé site le 15 juillet 1959. Le parc, dessiné à la fin du XVIIIe siècle, et son étang figurent au préinventaire des jardins remarquables.