Origine et histoire du Château de Chémery
Le château, situé au cœur du bourg de Chémery (Loir-et-Cher, Centre-Val de Loire), est une propriété privée inscrite au titre des monuments historiques depuis le 6 janvier 1926. Implanté en retrait de la route départementale D956, il est entouré par l'église à l'ouest, la mairie au nord-ouest, un étang au nord-est et des champs à l'est. L'ensemble s'organise autour d'une cour centrale presque carrée, entourée de douves et desservie au sud par un ancien pont‑levis et à l'ouest par une passerelle en bois. Deux dépendances se situent à l'extérieur des douves : la grange au dîme à l'ouest et un ancien pigeonnier au sud‑est, ce dernier n'appartenant pas aux propriétaires du château.
Le corps du logis rassemble deux phases distinctes : une partie médiévale à l'ouest et une aile de style Renaissance à l'est, auxquelles s'adossent, au nord et à l'est de la cour, les anciens communs composés de trois bâtiments indépendants à un niveau, en maçonnerie et couverts de tuiles. Un mur d'enceinte ferme la cour à l'ouest en reliant l'extrémité des communs à la partie médiévale. La cour est ouverte par une porte fortifiée, précédée d'un pont‑levis et défendue par des mâchicoulis et une tourelle en encorbellement ajoutée au XVe siècle.
À gauche de l'entrée se voient les vestiges des constructions du XIIIe siècle, dont un rez‑de‑chaussée aménagé en grande salle à manger avec une cheminée portant des traces de peinture ; l'accès au premier étage se fait par un escalier logé dans une tour. À droite, des bâtiments plus importants datent du XVe siècle et ont subi des remaniements au XVIe siècle ; ils sont reliés aux constructions du XIIIe siècle par une galerie en bois. Lors de travaux de reconstruction, des traces espaçant de 1,40 m dans les murs ont permis de restituer la largeur d'un couloir aménagé dans l'épaisseur de l'enceinte.
Le domaine relevait, en 1236, de la seigneurie de Saint‑Aignan et appartint successivement aux familles Chalon‑Tonnerre, puis aux Beauvilliers et aux La Roche‑Aymon ; il fut notamment entre les mains de René de Beauvilliers († 1557), 2e comte de Saint‑Aignan en 1539. Doté de 600 hectares à la Renaissance, il fut transformé en 1729, par les ducs de Beauvilliers et de Saint‑Aignan, en ferme et siège d'exploitation agricole ; la plupart des fenêtres furent alors murées pour réduire l'impôt foncier et permettre le stockage des céréales à l'étage. La destruction des archives pendant la Révolution rend l'histoire antérieure mal connue.
La propriété resta dans la famille de La Roche‑Aymon jusqu'en 1970, puis fut acquise par l'écrivaine Madeleine Lemaître et habitée par son fils, l'artiste Alain Souchon. En 1981, l'architecte Axel Fontaine et son épouse Cécile en firent l'acquisition et entreprirent sa restauration. Aujourd'hui le château accueille diverses activités et a servi de lieu de tournage, notamment pour des sketches de la série "Un gars, une fille".