Origine et histoire du Château de Chissey-en-Morvan
Le château de Chissey-en-Morvan, situé sur la commune de Chissey-en-Morvan (Saône‑et‑Loire) au bord du Ternin, se trouve un peu à l'écart du village, à droite de la D980 à l'entrée en venant d'Autun. Daté du XVe siècle et aménagé au XVIIIe siècle, il a été vendu comme bien national pendant la Révolution puis transformé en ferme au XIXe siècle. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 12 juin 1997.
À l'origine, une tour à trois étages du XIIe siècle, aujourd'hui tronquée, fut englobée dans l'angle nord‑est à la fin du XIIIe siècle ; cette tour nord‑est constitue la partie la plus ancienne. Autrefois prolongé à l'ouest par un donjon et une tour, il subsiste du château fort primitif trois tours rondes, une imposante tour carrée et deux corps de logis disposés en équerre. Le corps de logis, situé au fond d'une cour intérieure, comprenait une cave voûtée, un entresol et un étage desservi par une galerie ouvrant sur la cour. Au sud, une courtine, divisée par un pont‑levis précédé d'un pont dormant, était flanquée de meurtrières pour la défense. Les communs, à droite en entrant dans la cour, abritaient une grande cuisine, une chapelle, la grange et les étables ; quatre tours d'angle, chacune munie de deux meurtrières, complétaient l'ensemble.
Le château était entouré d'un fossé large et profond bordé d'un talus et garni de mâchicoulis, rendant son approche difficile ; la tour sud‑ouest a aujourd'hui disparu et les fossés, qui étaient alimentés par la rivière comme le moulin, ont été comblés. La tour carrée a été réaménagée au XVIIIe siècle et la charpente de cette grosse tour a fait l'objet d'une réfection en 1868.
Dans la chapelle, Chrétienne de Montmoyen de Chissey fonda en 1668, pour une rente de 66 livres, trois messes hebdomadaires : un Requiem le lundi, une messe du Saint‑Sacrement le jeudi et une messe en l'honneur de la Sainte‑Vierge le samedi. Un guichet pratiqué dans la paroi latérale permettait au seigneur d'entendre l'office depuis l'angle de sa cheminée, et les habitants dépendants étaient tenus d'assurer le guet et la garde en temps de troubles.
La seigneurie ne possédait qu'un tiers de la justice du bourg, les deux autres parts revenant respectivement à l'évêque d'Autun et au détenteur du Château de la Motte‑Chissey ; elle comprenait le manoir ainsi que les hameaux de Fontaine et La Verpillière. Dès le XIIIe siècle la seigneurie est liée à Hugues de Châtillon‑en‑Bazois dit de Roussillon ; d'autres familles se succèdent ensuite, parmi lesquelles les Roussillon, les Ternan, les Chaulgy et les Montmoyen. Le dossier signale divers conflits de juridiction entre seigneurs locaux et l'évêché d'Autun, des saisies et des reprises de fief par des représentants ducaux ou épiscopaux.
Michaut de Chaulgy reprend le fief en 1447, puis la maison passe aux descendants de Marie‑Françoise de Sercey et de Claude‑Joseph de Fussey qui en demeurent propriétaires jusqu'à la Révolution. Nicolas‑Antoine‑François‑Xavier de Fussey émigre pendant la Révolution et le château est vendu vers 1793 à Alexandre Henri Hubinet et Joseph‑Alexandre Brochot, la propriété étant alors convertie en ferme. Napoléon fit étape et passa la nuit au château lors de son retour de l'Île d'Elbe, et le bâtiment reste une propriété privée visitable de juillet à septembre, ainsi que durant les Journées du Patrimoine en septembre.
Les armoiries mentionnées dans les sources sont celles d'Hugues de Ternant, d'azur à trois tours crénelées maçonnées de sable, et celles de Michaut de Chaulgy, écartelées de Chaulgy et de Roussillon.