Origine et histoire du Château de Cinq-Mars
L'ancien château de Cinq-Mars-la-Pile est situé sur la commune de Cinq-Mars-la-Pile, en Indre-et-Loire. Le château féodal, lié à la seigneurie de Cinq-Mars (alias Saint-Médard), est mentionné dès le XIe siècle : le premier seigneur connu vivait en 1050. La seigneurie passa au fil des siècles entre plusieurs familles — Geoffroy, Eudes, Hardouin, André, Barthélemy — puis aux L'Isle-Bouchard à la fin du XIIIe-début du XIVe siècle, ensuite par alliances aux Rougé, aux Châteaugiron-Malestroit et aux La Trémoïlle. Les La Trémoïlle furent suivis par la descendance Husson de Tonnerre jusqu'au début du XVIe siècle ; une série de ventes aboutit ensuite à l'acquisition de la terre par Martin Ruzé de Beaulieu, mort sans postérité en 1613. La seigneurie passa ensuite à des héritiers qui prirent le nom de Ruzé ; Antoine Coëffier de Ruzé, marquis d'Effiat, fut le père d'Henri Coëffier, marquis de Cinq-Mars, exécuté en 1642. Benoît-Gabriel-Armand de Rueil de Ruzé d'Effiat céda Cinq-Mars le 10 novembre 1768 au ministre Choiseul, qui l'échangea le 16 novembre 1768 avec Marie-Charles-Louis d'Albert, duc de Luynes. Depuis l'époque des d'Albert de Luynes, cinq familles se sont succédé à la tête du domaine : François-Charles Moisant en 1797, sa fille Zéphirine Moisant (épouse Boisseau de Beaulieu), M. et Mme Mathieu Maucler (1845), M. et Mme Louis Bussienne (1856), Théobald-Arthur Genty (1877), puis M. et Mme Nicolas Untersteller à partir de 1957, et leur fils Louis‑Paul Untersteller. Sur le plan architectural, la forteresse fut rasée sur l'ordre de Richelieu à la suite de l'exécution d'Henri de Ruzé d'Effiat en 1642. Il subsiste le logis des gardes du XVe siècle, dont les façades ont été remaniées aux XVIIIe et XIXe siècles ; ce logis se développe entre deux tours rondes, la tour nord étant accompagnée d'une tour d'escalier. La forteresse est entourée de douves refaites au XVIe siècle et le pont-levis a été remplacé par un pont dormant à trois arches. Des quatre tours reliées par des bâtiments ou des courtines subsistent la tour Est, la tour sud du XIIIe siècle et la base du donjon nord, datée de la fin du XIIe siècle ; leurs étages supérieurs ont été détruits. Un crénelage moderne et fantaisiste couronne les tours. Un ouvrage avancé, dit l'Éperon, de plan triangulaire, s'étend au sud-est de la forteresse ; son angle saillant est pourvu d'une échauguette et l'ouvrage fut construit ou remanié au XVIe siècle, en même temps que les douves. À l'angle correspondant de la muraille supérieure des douves se dresse une tour cylindrique du XVe siècle, qui contenait une vis en pierre permettant aux seigneurs de descendre du château jusqu'au prieuré contigu à l'église. Depuis le 27 avril 1976, les deux tours subsistantes et les douves avec leur pont sont classées au titre des monuments historiques, tandis que les façades et toitures des anciens communs ainsi que les restes de l'enceinte sont inscrits.