Château de Clairefontaine à Polaincourt-et-Clairefontaine en Haute-Saône

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de Clairefontaine

  • Clairefontaine
  • 70210 Polaincourt-et-Clairefontaine
Propriété d'une société privée

Frise chronologique

Moyen Âge central
Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1100
1200
1700
1800
1900
2000
1131
Fondation de l'abbaye
1175
Construction de l'église
1711
Reconstruction de l'abbaye
1793
Vente comme bien national
1804
Création de la faïencerie
1938
Conversion en hôpital
1971
Inscription aux Monuments historiques
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Façades et toitures ; vestibule et galerie Nord du bâtiment central (cad. E1 28 ; E2 39) : inscription par arrêté du 20 octobre 1971

Personnages clés

Guy de Jonvelle Fondateur de l'abbaye cistercienne Notre-Dame de Clairefontaine en 1131.
Jean-François Estienne Acheteur de l'abbaye en 1793 et fondateur de la faïencerie en 1804.
Jean-Baptiste Rigal Successeur de Jean-François Estienne, il oriente la production vers la porcelaine.
Victor Ameline Décorateur qui élargit la production aux porcelaines opaques et aux faïences fines vers 1875.
Léon Graves Modernisateur de la faïencerie à la fin du XIXe siècle, spécialisé dans les services de table.

Origine et histoire du Château de Clairefontaine

L'abbaye cistercienne Notre‑Dame de Clairefontaine, fille de Morimond, a été fondée par Guy de Jonvelle en 1131. Des religieux venus de l'abbaye mère se seraient installés en juin 1733. Les premiers bâtiments sont mal connus, mais l'église existait déjà en 1175 et reçut alors la sépulture d'Étienne, comte de Traves et d'Auxonne. Le monastère souffrit de multiples événements difficiles : la peste de 1349, les guerres à partir du XIVe siècle, les conflits liés à Louis XI, l'incursion des troupes de Tremblecourt en 1595 et les attaques suédoises de 1636 ; en 1644 il est décrit comme ruiné. À partir du XVIIe siècle, des travaux d'agrandissement et de réfection du chœur avancèrent lentement, puis la maçonnerie, la charpente et la couverture en tuiles furent refaites. Entre 1690 et 1707, des travaux importants complétèrent le corps du bâtiment : reconstruction de l'aile des dortoirs, réfection de la couverture de trois ailes du cloître et du pavage, réparations des quartiers des hôtes et du réfectoire, et réfection complète de la toiture de l'église. L'abbaye est par ailleurs entièrement reconstruite à partir de 1711. Pendant la Révolution, des villageois envahirent l'abbaye et firent sortir les archives ; en 1790 le monastère fut expertisé, tant pour le mobilier que pour l'architecture. L'ensemble fut vendu comme bien national en 1793 à Jean‑François Estienne, qui, associé au sieur Charles Henriot, établit une verrerie autorisée par un arrêté du Directoire du 28 août 1798 ; la manufacture de verre blanc et de gobeleterie périclita et cessa son activité en 1802 ou 1803. J.F. Estienne s'associa ensuite avec ses trois beaux‑frères pour fonder une faïencerie dont le four fut allumé en 1804, le moulin Ruby, établi à 500 m en aval sur le ruisseau de la Cité, servant d'atelier pour le broyage des matériaux ; en 1814 l'établissement est qualifié de « fabrique de cailloutage ». À la mort de J.F. Estienne en 1833, Jean‑Baptiste Rigal, son successeur et gendre, oriente progressivement la production vers la porcelaine opaque à décor imprimé, dont la valeur atteint 21 000 F en 1843. Emile Rigal lui succède en 1860, associé à Jules Sanejouand, et en 1869 la fabrique produit de la faïence fine blanche dite « porcelaine opaque » et de la faïence fine jaune dite « grès Nankin » pour une valeur annuelle de 120 000 à 125 000 F. Vers 1875 l'arrivée du décorateur Victor Ameline de Sèvres élargit la production aux porcelaines opaques, barbotines, émaux‑ombrants et faïences fines ; la manufacture est récompensée à l'Exposition universelle de 1878 pour ses émaux majoliques et un service « Indiana », et fournit entre 1876 et 1879 des biscuits pour Charles et Émile Gallé. Après le départ d'Emile Rigal en 1885, Jules Sanejouand s'associe à Léon Graves ; la société devient Sanejouand‑Graves en 1889, puis Graves exploite seul la faïencerie à partir de 1890 en la modernisant et en mécanisant la production ; de nouveaux ateliers et installations sont construits à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, au détriment des communs de l'abbaye. Léon Graves se spécialise dans la fabrication de services de table de gamme modeste ; à sa mort en 1913 l'entreprise est dirigée par sa veuve sous la raison sociale Veuve Graves. Mise en difficulté par la crise de 1929–1930, la fabrique est vendue en 1932 au Consortium des Faïenceries de France, qui transfère les installations à Choisy‑le‑Roi et ferme l'établissement. Les bâtiments de Clairefontaine sont achetés en 1938 par les Hôpitaux de Seine‑et‑Marne via la Société Asile de Saint‑Rémy et convertis en hôpital psychiatrique ; ils conservent depuis la même vocation et appartiennent aujourd'hui à l'Association hospitalière de Franche‑Comté. La plupart des vestiges de la manufacture (cheminée, chaufferie) ont été détruits, ce qui rend difficile la lecture industrielle du site. L'évolution technique et l'ampleur de la production se manifestent toutefois dans les inventaires et la documentation : fours, meules, machines hydrauliques et à vapeur, introduction de la peinture à l'aérographe vers 1905, ainsi qu'une croissance sensible des effectifs au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Le logis principal de l'ancienne abbaye et l'édifice (château) situé sur la commune de Polaincourt‑et‑Clairefontaine, en Haute‑Saône, ont été inscrits à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1971.

Liens externes