Origine et histoire du Château de Clermont
Le château de Clermont, dit aussi château de Regard, est un édifice de style Renaissance du XVIe siècle situé sur la commune de Clermont, en Haute-Savoie (Auvergne-Rhône-Alpes). Il ne doit pas être confondu avec l'ancien château comtal, aujourd'hui disparu, perché plus haut. Implanté sur le versant du crêt molassique appelé le Molard ou mont Saint-Jean occidental, le château occupe le plain-château situé sous l'ancien château comtal, le premier château médiéval ayant été édifié sur l'ancienne route de Chambéry à Genève. Après l'acquisition du comté de Genève par la maison de Savoie en 1401, la famille Regard devint châtelaine de Clermont. Le duc Emmanuel-Philibert autorisa le 2 novembre 1576 Mgr Gallois de Regard, évêque de Bagnorea et camérier du pape Paul IV, à faire ériger un nouveau château destiné à servir de résidence d'été. La construction, commencée en 1578 sur le versant occidental en réutilisant des pierres du vieux château, fut achevée à la mort de Gallois de Regard en 1582 à Annecy. C'est dans la chapelle du château que Gallois de Regard donna en 1578 la tonsure au futur saint François de Sales. Le château passa ensuite à un neveu de Gallois de Regard, ancêtre des branches Regard de Vans, de Morgenex, de Disonche et de Villeneuve. Parmi ses descendants, Alexandre-Gaspard de Regard, ambassadeur de Savoie à Londres en 1650 et seigneur de Clermont, reçut avec faste le duc Charles-Emmanuel II. En 1670 les terres de Clermont furent érigées en comté au profit de François-Joseph de Regard, maître d'hôtel de la duchesse Marie-Jeanne-Baptiste et officier de cavalerie. Au XVIIIe siècle, un autre François-Joseph de Regard, aide de camp du roi Charles-Emmanuel III, participa à la réorganisation de l'armée sarde sur le modèle prussien. Plus tard, Ferdinand de Regard, héros du Risorgimento, fut blessé à Goito en 1848 et tué à Novare en 1849. La famille Regard conserva le château jusqu'en 1860, lors du décès de la comtesse de Regard de Vars, dernière du nom. Le domaine passa ensuite au comte Tancrède de Fortis; en 1921 sa fille le vendit aux fermiers occupants, la famille Cottin, puis il fut occupé par la famille Gay. Mis en vente en 1963, le château a été acquis en 1966 par le département de la Haute-Savoie. Mgr Gallois de Regard a fait édifier le château en réutilisant des éléments médiévaux de la maison paternelle, qui se trouvait alors dans le plain-château en contrebas de l'ancien château comtal. L'architecture, inspirée de modèles de la Renaissance italienne, comprend un grand corps de logis principal orienté à l'ouest, éclairé par de grandes fenêtres sans meneaux ni traverses, et trois côtés bordés de galeries à arcades à arcs surbaissés et balustres qui ferment une cour. Deux gros pavillons rectangulaires en saillie encadrent la galerie ouest, où s'ouvre, côté village, un portail monumental surmonté d'une fenêtre-balcon; des galeries intérieures surplombent l'entrée. Les parties accessibles comprennent au rez-de-chaussée une cave voûtée, des communs et des cuisines avec cheminée et passe-plat; à l'étage se trouvent une salle à manger, des appartements privés dotés d'une fenêtre et d'un fauteuil daté de 1621 ainsi qu'une chapelle. Du 1er avril au 31 octobre, le château accueille des expositions, des visites guidées thématiques et des concerts ou spectacles dans sa cour d'honneur. Les façades et toitures du château, ainsi que la cour avec ses galeries et sa porte, sont classées au titre des monuments historiques par arrêté du 21 avril 1950, tandis que l'ensemble des intérieurs bénéficie d'une inscription partielle par arrêté du 6 juillet 1988.