Origine et histoire du Château de Coatfrec
Le château de Coatfrec se situe à Ploubezre, dans les Côtes-d'Armor, au sud de Lannion, sur la rive gauche du Léguer. Il a servi, au Moyen Âge, à défendre l’accès par le Léguer, comme le faisaient le château de Tonquédec en amont et le château de Runefau, détruit en 1525. La première mention connue de Coatfrec apparaît en 1330 lors du procès en canonisation de saint Yves, sous le nom de “Johannes de Croyfrooc”. Aux XIVe–XVe siècles, un logis-porche est édifié dont subsistent aujourd’hui peu de vestiges. En 1373, le château passe par mariage à la famille de Coëtgourheden, puis à celle de Kerimel ; la famille de Coëtgoureden est à l’origine des premières fondations du logis. Le 18 juin 1451, Guillaume de Penhoet, sieur de Kerimel et Coetfrec, est fait banneret par le duc Pierre II. En 1462, le château est reconstruit dans sa forme actuelle sur ordre du duc François II, qui demande aux nobles de réparer et fortifier leurs forteresses. En 1590, Claude de Kerguezay y installe une garnison au service du pouvoir royal contre la Ligue ; il fait raser les bâtiments de la ferme et les fossés du parc adjacent, et meuble sommairement le château. En 1592, François de Goësbriand prend le commandement le 27 avril après Jonathas de Kergariou-Kerahel ; la même année, Guy Éder de La Fontenelle s’empare du château, que son prédécesseur lui remet en paiement d’une dette. Les États de Bretagne, fidèles au roi de France, ordonnent sa démolition (arrêt du Parlement de décembre 1592). Au printemps 1593, le château est assiégé et repris par Kergomard avec l’aide des capitaines Molac et Sourdéac, puis démoli. Les vestiges passent ensuite dans les mains des familles du Parc de Locmaria puis des Le Pelletier de Rosanbo au moins jusqu’en 1912. Le site est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 9 mars 1927. Le plan et la lecture du site ont évolué depuis la première description de 1837 : des dégagements récents ont notamment mis en évidence une tour d’angle au sud et révélé un escalier près des restes du logis-porche au nord. Le château est aujourd’hui entouré d’une butte de terre qui le protégeait de l’artillerie. Une numérisation 3D des ruines a permis d’élaborer un plan de l’état actuel et d’alimenter des restitutions. Le site est en travaux et n’est pas ouvert au public, sauf lors d’événements exceptionnels comme les Journées du patrimoine 2013. Parmi les éléments observables figurent une tour Est de cinq étages, dont l’alignement des fenêtres est signalé comme à l’origine d’une lézarde par La Barre de Nanteuil, et le front nord-est, où l’on distingue trois latrines saillantes, une meurtrière et une poterne ; ces vestiges sont documentés par des vues issues de 1837, 1912 et 2013.