Origine et histoire du Château de Cognac
Le château de Cognac, dit château des Valois ou château François Ier, existe depuis le Xe siècle et s'est développé sur le site d'un castrum originel attribué à Hélie de Villebois. Au début du second millénaire, Itier et Arnaud de Villebois y installent leur dynastie ; une charte de 1030 et les constructions bénédictines de l'église Saint-Léger à partir de 1031 témoignent de l'organisation du site et de la naissance d'un bourg autour du castrum, dont rien ne subsiste aujourd'hui. Vers 1200 les Taillefer, comtes d'Angoulême, remplacent les structures primitives par une forteresse en pierre au bord de la Charente, munie d'une première enceinte. La seigneurie passe ensuite sous domination plantagenêt ; des alliances et transmissions successives aboutissent à l'arrivée des Lusignan, dont Guy entreprend de nouvelles fortifications au XIIIe siècle. De cette période subsistent notamment des arcs formerets dans le logis sud‑ouest, une chapelle probable et des tours nord‑est et sud‑est, ainsi que des vestiges voûtés dans les sous-sols. La dynastie des Valois engage d'importants travaux : au XVe siècle est bâti le logis dit du Gouverneur pour Jean de Valois, des salles et des cheminées sont aménagées, et la grande cheminée ornée du blason se trouve dans la salle dite des Casques. Charles de Valois et Louise de Savoie poursuivent ces aménagements à la fin du XVe siècle et font édifier la chapelle Saint‑Caprais ; leur fils François, né à Cognac, poursuit les transformations au début du XVIe siècle. Sous François Ier les anciennes murailles sont détruites et l'on élève le grand corps de bâtiment à l'ouest, comprenant la salle des gardes, une galerie au sud et des appartements à l'est ; la chapelle reçoit également des aménagements. L'ensemble visible aujourd'hui correspond en grande partie aux constructions réalisées sous les Valois. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles le château se dégrade ; vendu comme bien national, il est racheté en 1795 par des négociants en eaux-de-vie, Otard et Dupuy, qui y installent des chais et entreprennent de nouvelles constructions. Par la suite des destructions ont eu lieu : la tour nord‑est est démolie en 1812, la chapelle est rasée en 1852 et le long corps de bâtiment ouest est surélevé à la même époque ; de vastes magasins d'eau-de-vie remplacent alors plusieurs bâtiments. Le site conserve aussi des graffiti datés de 1750 et 1757 dans la salle des gardes, et de nombreuses sculptures ont été détruites ou déplacées. Sur le plan architectural, le château présente une façade sobre, édifiée vers 1517 et surélevée au milieu du XIXe siècle, animée par la grande fenêtre dite « balcon du roi », ornée de médaillons sculptés (dont le profil de François Ier) et reposant sur deux salamandres encadrant un blason. La tour du comte Jean, datant du XIIIe siècle, conserve des aménagements postérieurs comme un puits desservant plusieurs niveaux, des cheminées et un rare système d'étuves médiévales ; les caves conservent des salles voûtées et un sol pavé du XIIe siècle. Le logis du Gouverneur offre une porte gothique, une tourelle à escalier en vis et la salle du Casque, dont la cheminée monumentale porte le blason des Valois‑Angoulême ; des éléments du XIIe et XIIIe siècle sont intégrés dans ses murs. L'ancien pont médiéval sur la Charente, démoli en 1855, franchissait autrefois la rivière face aux deux tours à courtine et aux mâchicoulis trilobés édifiés autour de 1499–1500, vestiges majeurs de l'enceinte urbaine. Parmi les éléments notables du site figurent la Porte Saint‑Jacques sur la Charente, le « balcon du roi », la tour du comte Jean et sa fontaine, la fontaine François Ier avec une échauguette, le portail d'entrée des chais Otard et un linteau portant le monogramme de François Ier.