Château de Colombières dans le Calvados

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château Médiéval et Renaissance

Château de Colombières

  • Le Château
  • 14710 Colombières
Château de Colombières
Château de Colombières
Château de Colombières
Château de Colombières
Château de Colombières
Crédit photo : Mikemorrison - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

2e moitié XVe siècle, XVIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Château sauf parties classées (cad. A 96) : inscription par arrêté du 2 juillet 1927 ; Façades et toitures ; cheminée du XVe siècle située au deuxième étage de la tour est (cad. A 96) : classement par arrêté du 20 décembre 1968 - Le système hydraulique comprenant les douves et les canaux d'irrigation ; le potager avec ses murs de clôture (cad. A 85, 87, lieudit la Douve, 89, lieudit le Jardin, 93, lieudit l'Etang, 97, lieudit le Château) : inscription par arrêté du 13 octobre 2006

Origine et histoire du Château de Colombières

Le château de Colombières, surnommé « la vigie des marais », est une demeure fortifiée située à 300 mètres au nord‑est du bourg de Colombières, dans les prairies de la vallée de l'Esque, en bordure des marais du Bessin. Son emplacement, en bordure de l'ancienne baie d'Isigny aujourd'hui poldérisée et devenue le marais de la rivière Aure inférieure, constituait un point stratégique pour le contrôle de la Basse‑Normandie. La place forte est mentionnée dès 1147, et d'autres sources évoquent des origines au début du XIe siècle, probablement sous la forme d'une motte castrale occupée par la famille de Colombières. Guillaume, Raoul et Baudoin de Colombières auraient participé à la conquête de l'Angleterre en 1066 et Raoul est signalé dans le Domesday Book comme installé dans le comté de Kent. À la disparition de la famille, la seigneurie revint aux Bacon du Molay qui, sous Philippe, prirent le nom de Colombières et firent édifier, aux XIIIe‑XIVe siècles, l'enceinte médiévale dont certaines structures subsistaient. Les parties les plus anciennes du château actuel datent de la fin du XIVe siècle, période durant laquelle Charles V incita à l'entretien des places fortes face à la menace anglaise. En 1371, le site est décrit comme un « ostel bien ordonné, vitaillé et garny », et en 1372 Henri de Colombières en fit aveu au roi ; l'ensemble formait alors un quadrilatère entouré de douves, défendu par une courtine de trois mètres d'épaisseur, quatre tours rondes et un pont‑levis. La conquête normande par Henri V entraîna des expropriations, parmi lesquelles des lettres patentes de 1418 dépouillèrent Olivier de Colombières de sa forteresse au profit de Richard Drayton. Ruinée pendant la guerre de Cent Ans, la forteresse passa par plusieurs mains avant que Roger de Bricqueville n'en fasse l'acquisition en 1457 ; son petit‑fils Guillaume VI rebâtit le corps de logis à la fin du XVe siècle. La famille de Bricqueville ajouta des tours de style Renaissance et transforma progressivement la maison forte en demeure plus confortable. François de Bricqueville (1535‑1574), converti au protestantisme, profana la chapelle Notre‑Dame de Rougebrèque en la transformant en appartements et son fils Paul établit un lieu de culte protestant dans un bâtiment aujourd'hui disparu. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des travaux modifièrent l'architecture défensive : démolition partielle de l'enceinte sud, reconstruction d'une tour sous forme de donjon carré, agrandissement des fenêtres, et rétablissement de la chapelle par Cyrus‑Antoine de Bricqueville, revenu au catholicisme en 1678. Cyrus‑Antoine fit poser au‑dessus de l'entrée de l'ancien lieu protestant un linteau portant les versets 6 et 7 du chapitre 55 d'Isaïe, inscription encore visible aujourd'hui. Endettée, Anne‑Henriette de Bricqueville dut vendre le domaine en 1720 ; après plusieurs changements de propriétaires, René Hatte l'acquit définitivement en 1755 et lui donna un aspect plus classique par des aménagements et modernisations. En 1761 sa fille Anne‑Catherine Hatte épousa Alexandre Girardin de Vauvré ; les descendants de cette famille, par alliances successives, sont toujours propriétaires. Au XIXe siècle, l'aile des communs fut aménagée pour recevoir la famille, et des jardins furent créés dans le pourtour intérieur des douves médiévales. Malgré sa proximité avec Omaha Beach, le château fut épargné lors du débarquement de 1944 ; la région connut toutefois des mouvements de troupes et Colombières vit notamment, dans la soirée du 8 juin, le passage du lieutenant Kermit Miller du 115e régiment d'infanterie de la 29e division, le village étant libéré le 9 juin. Le plan du château est quadrangulaire, flanqué de tours d'angle cylindriques coiffées de mâchicoulis et entouré de douves ; le corps de bâtiment reconstruit à la fin du XVe siècle comporte une tour octogonale. Le monument, propriété privée, est protégé au titre des monuments historiques : le château, à l'exception des parties classées, est inscrit depuis 1927, tandis que les façades et toitures et la cheminée du XVe siècle du deuxième étage de la tour sont classées depuis 1968. Le système hydraulique, comprenant les douves et les canaux d'irrigation, ainsi que le potager et ses murs de clôture, ont été inscrits en 2006 ; sont également mentionnés le poste de garde et le linteau du lieu de culte protestant. L'armorial du château rassemble les armoiries des familles qui se sont succédé à la seigneurie : Guillaume de Colombières porte « de gueules au chef d'argent », les Bacon du Molay « de gueules à six quintefeuilles d'argent », la lignée de Bricqueville « palé d'or et de gueules de six pièces ». Plus tard, René Hatte usa d'armes d'azur à la fasce d'argent accompagnée de trois croix ancrées d'or en chef et d'un lion d'argent en pointe, puis vinrent les Girardin de Vauvré, les Berthelot de Baye, Marie de Briey et Jeanne de Ludre dont les blasons figurent encore dans le château et la cour, parfois soutenus par des lions en pierre.

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