Origine et histoire du Château de Combourg
Le château de Combourg est une forteresse située à Combourg, en Ille‑et‑Vilaine, dominant un étang que François‑René de Chateaubriand qualifia de « Lac Tranquille ». Classé partiellement au titre des monuments historiques (façades et toitures, salle des gardes et vestibule depuis août 1966) et inscrit dans son ensemble depuis décembre 1926, il occupe un escarpement au nord‑ouest de l'étang, à mi‑distance de Rennes et de Saint‑Malo. Les origines du site remontent au début du XIe siècle : l'archevêque de Dol Guiguené fit édifier un premier château pour son frère Rivallon, premier seigneur de Combourg. Au fil des siècles la seigneurie passa entre diverses familles et la majeure partie des bâtiments actuelle date des XIVe et XVe siècles, la tour dite du Croisé ou donjon étant pour sa part datée de la première moitié du XIIIe siècle. Le corps de logis forme un quadrilatère de puissants bâtiments en granite appareillé, munis de créneaux et de mâchicoulis, et cantonné à ses angles de tours rondes à toitures coniques ; une cour rectangulaire s'ouvre au centre. Les mâchicoulis de la courtine nord et de la tour nord‑ouest présentent des encorbellements à quatre ressauts, ceux de la tour nord‑est en ont trois et supportent des linteaux ornés de trilobes simulés inscrits dans des arcatures brisées. L'intérieur a été largement réaménagé au XIXe siècle : la grande salle des gardes a été transformée en salons, une chapelle subsiste à l'entrée du vestibule d'honneur et un escalier monumental en bois a été créé lors des travaux. Après une longue période d'abandon et des dommages subis pendant la Révolution, la famille de Chateaubriand acquit le château en 1761 ; René‑Auguste de Chateaubriand y établit sa famille et son fils François‑René y passa une partie de sa jeunesse. Confisqué et pillé à la fin du XVIIIe siècle puis restitué en 1796 à Louis Geoffroy, le domaine demeura en quasi‑désert pendant près d'un siècle avant d'être restauré dans la seconde moitié du XIXe siècle par Geoffroy de Chateaubriand. Geoffroy confia les opérations à l'architecte Ernest Trihle, élève de Viollet‑le‑Duc, qui transforma l'édifice dans un esprit troubadour, fit créer un grand escalier et confia l'aménagement du parc aux frères Bühler. Ces interventions modifièrent certaines dispositions anciennes, remplacèrent la chapelle de la tour dite du Maure, la salle des gardes et la cour intérieure par des pièces de réception et une cour ornée de pierre blanche de style Renaissance. Malgré la disparition du fossé et du pont‑levis au profit d'un grand perron au nord, la disposition générale des bâtiments conserve l'organisation du XVe siècle, avec un plan polygonal cantonné de quatre tours. Le domaine est resté dans la famille par descendance et appartient aujourd'hui à des membres de la branche de La Tour du Pin Verclause. Le château fut utilisé comme hôpital militaire au cours de la Première Guerre mondiale, transformant des salons et la chapelle en salles pour blessés, comme l'atteste un témoignage de 1915. Les visiteurs illustres et les écrivains ont contribué à la renommée du lieu : Chateaubriand y a laissé des récits et souvenirs, et De Gaulle le visita en 1949. Le site et son parc présentent de nombreux éléments remarquables — blason des Chateaubriand, tours (Tour Sybil, Tour du Croisé, Tour du Maure), girouette, lac, calèches et arbres d'alignement — et conservent des objets et vestiges exposés sur place. Une découverte effectuée lors des restaurations, un chat momifié emmuré au XVIe siècle, est visible sous vitrine dans la chambre où Chateaubriand a séjourné enfant et a alimenté la légende locale du « chat fantôme ». Chateaubriand rapporte aussi des récits de fantômes et décrit la « chambre rouge », tandis que la tradition évoque la présence d'un seigneur à jambe de bois associé aux escaliers du château. Le monument a servi de décor pour le cinéma et la télévision, notamment pour Combourg, visage de pierre (1948), Culture drone, le château de Combourg (2013) et le téléfilm Sur la dalle (2024). Des études et inventaires patrimoniaux documentent l'histoire et l'architecture du site.