Origine et histoire
Le château de Conflans, aujourd'hui détruit, se trouvait sur l'actuelle commune de Charenton‑le‑Pont. Ses origines connues remontent à un hôtel possédé par Robert II comte d'Artois, hérité par sa fille Mahaut d'Artois en 1303 ; Mahaut fit agrandir ce logis à partir de 1314, ajoutant notamment une grande salle et une tour carrée crénelée flanquée de tourelles. En 1330 l'hôtel passa à Jeanne de France d'Artois, puis resta jusqu'à la fin du XVe siècle la propriété des ducs de Bourgogne ; à cette époque il était abandonné et en ruine. Au XVIe siècle le fief fut morcelé : une partie fut vendue en 1553 à Jean Gauchery, d'autres parcelles à Claude Dodieu et André Guillard, puis la maison seigneuriale fut acquise en 1568 par Nicolas Legendre, seigneur de Villeroy. Sous la famille de Villeroy d'importants travaux furent entrepris entre 1575 et 1583 : réparation et soutènement de la galerie basse de l'orangerie par Jacques Lefèvre, élévation de l'étage de la galerie des orangers en 1578 par Christophe Lambert avec des charpentiers et couvreurs parisiens, achèvement d'une petite galerie et d'un cabinet en 1579, surélévation des écuries en 1581 et construction du corps de logis entre cour et jardin en 1582 par Pierre Chapponet et Nicolas Conseil, ainsi que l'installation de bassins et fontaines par le sculpteur Mathieu Jacquet. Le décor de la galerie haute, de la fin du XVIe siècle au début du XVIIe siècle, fut achevé en 1603. Au bord de la Seine un pavillon carré fut élevé par l'architecte Louis Le Vau ; son plafond fut peint par Le Sueur pour la marquise de Senneçay entre 1645 et 1649. De 1673 à la Révolution le château servit de résidence d'été aux archevêques de Paris ; ils firent aménager jardins et terrasses par André Le Nôtre et, en 1676, l'ingénieur Georges Stiennon reconstruisit le moulin de Quinquengrogne pour monter l'eau destinée aux bassins. D'autres aménagements et réparations figurent encore : un contrefort de l'aile ouest daté de 1709, la reconstruction du portail d'entrée au nord par Pierre Desmaisons en 1777, la fabrique de jardin et la reconstruction du grand corps de logis par Desmaisons vers 1786, ainsi que la réfection de la chapelle octogonale entreprise en 1788 et achevée en 1824. Devenu bien national, le domaine fut vendu en trois lots entre 1792 et 1795 ; la partie orientale et la chapelle octogonale hébergèrent une succursale du séminaire Saint‑Nicolas‑du‑Chardonnet de 1871 à 1905, puis furent démolies en 1926, les boiseries étant transférées au musée Carnavalet. À la fin du XIXe siècle la percée de l'avenue de la Liberté en 1898 morcela le parc et modifia les abords ; une partie du parc fut aménagée en terrains de sport dans les années 1920, puis des immeubles HBM et des ensembles résidentiels furent édifiés dans les décennies suivantes. L'aile ouest, appartenant à la famille Hartmann de 1888 à 1967, comprenait une galerie ouest éclairée par des baies cintrées et construite sur une cave voûtée, transformée en appartements avant d'être finalement détruite vers 1960 après diverses affectations et ventes. Parmi les vestiges subsistent aujourd'hui le portail d'entrée au nord, restauré, et un grand escalier Renaissance qui donnait accès aux terrasses. Le château, tel qu'il se présentait jusqu'au début du XXe siècle, résultait majoritairement de la reconstruction menée par la famille Villeroy sur les vestiges du manoir du XIVe siècle, avec un corps principal donnant sur le parc, une chapelle et des ailes disposées autour d'une cour. Les jardins en terrasses comportaient un double parterre menant à un petit pavillon au bord de l'eau, une terrasse haute ouvrant sur un grand parterre avec bassin et la perspective sur le moulin de Charenton, ainsi qu'un bosquet agrémenté d'un jet d'eau en forme de pyramide. Le moulin dit de Quiquengrogne, acquis en 1600, fut reconstruit pour abriter une machine hydraulique permettant d'élever l'eau de la Seine vers les réservoirs alimentant le château et ses bassins.