Origine et histoire du Château de Cons-la-Grandville
Le château de Cons-la-Grandville, situé dans le village éponyme en Meurthe-et-Moselle, est une forteresse dont l’architecture synthétise des éléments romans à classiques. Édifié à la fin du XIe siècle pour Dudon de Cons, il a été reconstruit avant 1248 pour Jacques de Cons ; de cette campagne médiévale subsistent une tour ronde adossée aux parties agricoles et un pan de la courtine est. Une importante reprise a été engagée à partir de 1572 pour Martin de Custine, dont la façade nord porte les dates 1572 à 1575, puis la façade nord a été restaurée en 1688 comme l’indiquent deux fenêtres. Le domaine passa dans la famille de Lambertye en 1641 et, après l’érection de la baronnie en marquisat en 1718, des travaux de reconstruction partielle furent entrepris à partir de 1730 (aile ouest et façade sur cour du corps principal), avec d’autres restaurations visibles sur la façade nord en 1730-1731. À la fin du XIXe siècle, le marquis Lucien de Lambertye fit réaliser des aménagements intérieurs, tandis que l’aile ouest des parties agricoles fut détruite en septembre 1944 puis partiellement amputée ensuite. Le château et ses communs, ouverts au public, font l’objet de travaux de restauration depuis 1984.
Le toponyme « Cons », attesté dès 1036 et apparenté à des formes anciennes comme Cums ou Coms, dérive selon les auteurs mentionnés d’un latin d’origine gauloise signifiant « vallée », ce qui correspond à l’implantation du village dans la vallée de la Chiers ; « La Grandville » renvoie vraisemblablement au toponyme médiéval et ne doit pas être confondu avec l’homonyme des Ardennes. Avant son transfert aux Lambertye, la seigneurie appartint aux marquis de Pidancet ; par le mariage de Marguerite de Custine avec Jean de Lambertye, la propriété rejoignit cette famille dont les descendants actuels sont, par les femmes, les héritiers directs des premiers seigneurs depuis le XIe siècle.
Bâti sur un promontoire rocheux, le château conserve des fondations et des assises médiévales massives, notamment aux façades nord et est ; l’ensemble a été rebâti en pierre de Jaumont à la Renaissance et se caractérise par des élévations percées de larges fenêtres ornées, surmontées de hauts toits d’ardoise. L’intérieur présente des éléments de la même période et des XVIIe–XVIIIe siècles : plafonds à caissons, cheminées monumentales — dont celle de la grande salle d’honneur décorée de bas-reliefs représentant Pyrame et Thisbé attribués aux aménagements de Martin de Custine — ainsi qu’une cour d’honneur classique en U avec bâtiments de plain-pied et fronton central armorié. Les transformations successives tiennent aux conflits qui ont affecté la région (guerres médiévales, guerre de Trente Ans et les deux guerres mondiales, qui endommagèrent notamment les écuries).
Le domaine comprend aussi une grande grange sud du XVIIIe siècle à remarquable charpente en chêne et le prieuré fondé par Dudon de Cons, reconstruit à partir de 1760 par l’architecte Laurent-Benoît Dewez ; la crypte du prieuré conserve des voûtes ornées de fresques gothiques du XIVe siècle. Le parc, réorganisé au XIXe siècle dans le goût anglais, abrite de nombreux arbres centenaires.
Au titre des monuments historiques, l’ensemble du château a été inscrit le 11 avril 1947, puis des parties ont été classées par arrêté du 11 août 1987 : façades et toitures du château et des communs, les deux tours carrées encadrant la façade nord, les pièces du rez-de-chaussée désignées dans les ailes nord et est (notamment galerie, salon lambrissé, salle à manger dite des Custine avec sa cheminée, cuisine dite des Custine, petite chambre, grande salle d’honneur avec son oratoire et la chambre dite des Tapisseries), ainsi que les caves, les terrasses et murs de soutènement, les fossés et le petit bâtiment dit la Thébaïde avec ses cariatides et murs de soutènement.