Origine et histoire du Château de Cordès
Le château de Cordès est situé à Orcival, à 900 m d'altitude, dans le Puy-de-Dôme, en Auvergne-Rhône-Alpes. L'ensemble tel qu'on le voit aujourd'hui résulte d'une succession de campagnes de travaux effectuées aux siècles passés : l'essentiel du gros-œuvre date du XVe siècle, mais des vestiges d'un château fort ou d'une maison forte des XIIe ou XIIIe siècles et du XIVe siècle subsistent dans les parties basses. Au Moyen Âge, le site appartenait à la famille de Chalus, mentionnée dès 1268, qui céda la propriété à la famille d'Alègre en 1659. Yves d'Alègre (1653-1733), devenu maréchal de France en 1724, fit réparer et embellir le château et ses jardins ; ceux-ci furent dessinés par André Le Nôtre en 1695. La chapelle, dédiée à Saint-Yves, fut aménagée vers 1755 ; son mobilier est d'époque XVIe. Le château fut vendu en 1755 à Pierre Grangier de Védières, puis passa, en 1873, aux descendants qui le cédèrent à Félix-Victor Martha-Becker, comte de Mons. En 1928 la propriété fut acquise par Carl-Henri Sisck, citoyen américain né à Boston, puis rachetée par le conseil général du Puy-de-Dôme le 17 juin 1938 ; à cette date le domaine comprenait 21 ha 51 a, le château du XVe siècle, le parc à la française, des bois, des prés, un jardin et des bâtiments d'exploitation. Au début du XXe siècle, à partir de 1910, l'architecte Louis Jarrier intervint pour des restaurations et réaménagements dont seule une partie des projets fut réalisée. Le dernier propriétaire connu restaura l'ensemble au cours de la seconde moitié du XXe siècle en veillant à conserver ou à retrouver son authenticité. Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1939, le château hébergea une partie des collections de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg mises à l'abri dans le département ; en 1942 le conseil départemental revendit la propriété.
La façade côté Sioulet est ornée de mâchicoulis. À l'intérieur se remarquent un retable en marbre de Carrare du XVIe siècle et le gisant d'Yves II d'Allègre, compagnon de Bayard. Les décors intérieurs comportent stucs, boiseries peintes, cheminées en pierre et pavements en carreaux de terre cuite ; le salon présente des gypseries du XVIIIe siècle. La chapelle et le salon Louis XV au rez-de-chaussée, ainsi que la cour d'honneur et le parc à la française avec ses charmilles, ont été classés monument historique par l'arrêté du 20 novembre 1933, après une inscription concernant le reste du château le 13 juillet 1926 ; l'entrée et un bâtiment de garages à l'est de la cour d'honneur sont également signalés.
Le parc précède le château et comprend roseraies et charmilles dessinées par Le Nôtre en 1695. Les jardins, le mur de clôture, la terrasse en terre-plein, un escalier indépendant, l'allée centrale bordée de charmilles, le bassin et le jardin potager ont été inscrits au pré-inventaire des jardins remarquables ; ils ont été décrits par des naturalistes de l'Académie des sciences de Clermont-Ferrand lors d'une excursion en 1837 et par l'abbé Guélon en 1891. En 1925, Henri Pinguenet a représenté les jardins sur une tapisserie réalisée par l'atelier Coupé à Bourganeuf, œuvre qui a été vendue le 10 décembre 2016 à Vannes.
Le château a inspiré des auteurs et servi de décor : la comtesse Dash l'évoque dans ses Mémoires des autres, Paul Bourget y situe l'action de son roman Le Démon de midi, et en 1984 il a été utilisé comme décor (le château de Frankenstein) lors du tournage du film La Promise.