Château de Coulaine à Beaumont-en-Véron en Indre-et-Loire

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de Coulaine

  • 4 Rue de Coulaine
  • 37420 Beaumont-en-Véron
Crédit photo : Grefeuille - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

3e quart XVe siècle

Patrimoine classé

Château de Coulaine (cad. AM 742) : inscription par arrêté du 28 avril 1944

Origine et histoire du Château de Coulaine

Le château de Coulaine, situé à Beaumont-en-Véron (Indre-et-Loire), fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 28 avril 1944. Le manoir actuel a été élevé vers 1470 par Jehan de Garguesalle sur les fondations d’une forteresse plus ancienne dont des vestiges ont été retrouvés. Le logis du XVe siècle présente un corps principal rectangulaire, élevé d’un étage et d’un comble, percé de lucarnes surmontées de gâbles ornés de crochets et couronnés de fleurons, et cantonné aux angles de tourelles en encorbellement. La façade sud est dominée en son centre par une haute tour d’escalier octogonale, elle-même flanquée à l’ouest d’une tourelle cylindrique en encorbellement, coiffée d’une flèche et percée de lucarnes. La porte du logis s’ouvre à la base de cette tour ; son accolade à crochets s’amortit par un fleuron entre deux pinacles et le tympan porte le blason des Ouirit. L’intérieur du château a été entièrement remanié au XIXe siècle.

Le domaine est cité dès la fin du XIVe siècle (présence de Jehan de Garguesalle en 1397 et en 1447) ; la chapelle fait l’objet d’un remaniement en 1770, un corps de bâtiment est détruit au premier quart du XIXe siècle, et vers 1820 les jardins sont redessinés et la partie supérieure de la tourelle d’escalier modifiée. À partir de 1859, un remaniement général est entrepris par Henri Quirit de Coulaine avec l’intervention de Deshayes, Podevin, Fournier, Rousseau, Benoist et Palausi ; un projet de décoration intérieure daté de 1904 par l’architecte Alain Lafargue n’a pas été exécuté. L’aspect gothique flamboyant du bâtiment, issu des modifications de Jehan de Garguesalle III, reste prégnant malgré ces transformations.

Antoine Rabelais, père de l’écrivain, fréquentait Coulaine, et Rabelais fait référence aux pages de Coulaine dans Gargantua. Jusque vers 1850, le château conservait la configuration traditionnelle des manoirs tourangeaux : une cour fermée encadrée par des communs et un porche d’entrée en tuffeau, avec glacière attenante. Le goût pour les parcs à l’anglaise entraîna ensuite d’importantes transformations : la moitié des communs et le porche furent supprimés pour ouvrir une perspective depuis l’entrée du donjon jusqu’à la Vienne, et le parc reçut des aménagements tels qu’un petit chalet, un pavillon chinois aujourd’hui disparu et un « sunbox ». Sous l’influence du renouveau médiéval inspiré par Viollet-le-Duc, les ouvertures furent reprises et enrichies d’éléments sculptés néo-gothiques (crochets, feuillages, pinacles) et une orangerie de style néo-gothique, dotée d’imposantes ogives vitrées, fut ajoutée à l’extrémité sud des communs, près des caves de tuffeau.

Depuis l’origine, Coulaine est un domaine agricole et viticole traditionnel, pratiquant polyculture, élevage, maraîchage et vergers cidricoles, avec une forte spécialisation passée dans la vigne et la sériciculture. La sériciculture bénéficia d’un cadre royal dès 1470 avec la création d’une manufacture à Tours ; les magnaneries, appelées localement « verreries », abritaient l’élevage des vers à soie. L’une de ces verreries se situait dans le commun principal aujourd’hui disparu, la seconde, datée d’environ 1850, existe encore mais n’est plus en activité depuis probablement la fin du XIXe siècle à la suite d’une maladie du ver à soie. Coulaine produisait du fil de soie et surtout de la « graine » (œuf), qui constituait une ressource commerciale importante, antérieurement au vin.

Le domaine a toujours cultivé des vignes ; les archives mentionnent trois clos proches du château, surnommés « Clos du Bas », « Clos de la Maison », « Les Quarts » et « La Herpinière ». Sur la base des rendements et des volumes commercialisés, on peut estimer historiquement la surface à environ trois hectares. Les vignes fournissaient des vins rouges et blancs ; le texte mentionne notamment le Gouais et le Muscat parmi les cépages blancs, ainsi que des « Gros Rouge », et indique la présence — en moindre quantité — du Chenin, tandis que le Cabernet-franc était tenu pour cépage « noble » dans la région. La production excédentaire était vendue en barriques, localement à des négociants de Chinon et jusqu’à Tours ; le raisin était pilé puis laissé à fermenter sous le chapeau de marc, l’élevage s’effectuant en foudres ou en barriques importées de Bordeaux. Le vignoble fut fortement réduit par le phylloxéra.

La période entre 1824 et 1960 est peu documentée mais la production viticole ne cessa pas. À partir des années 1960, des replantations en sélection massale et sur greffons de plants ayant échappé au phylloxéra furent menées, notamment sur le clos de Turpenay, acquis au début du XXe siècle et anciennement lié à l’abbaye de Turpenay depuis une donation au XIIIe siècle. À partir de 1987, les exploitants replantèrent de nombreuses parcelles anciennes ou transformées en vergers, abandonnant progressivement les cultures céréalières et l’élevage ; le domaine passa en agriculture biologique entre 1994 et 1997, devenant le premier domaine officiellement en appellation Chinon. Il produit actuellement 90 000 bouteilles par an sur 18 hectares, dont 10 hectares en propriété depuis l’origine.

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