Origine et histoire du Château de Courances
Le château de Courances, situé sur la commune de Courances dans l'Essonne, à 47 kilomètres au sud‑est de Paris dans le Gâtinais, est classé monument historique depuis le 27 juin 1983. En 1552, Côme Clausse, notaire et secrétaire du Roi, acquiert un logis seigneurial à Courances, à l'extrémité ouest de la forêt de Fontainebleau. À sa mort en 1558, la terre revient à son fils cadet Pierre, puis à son petit‑fils François, qui la cède en 1622 à Claude Gallard, notaire et secrétaire du Roi. Pendant la Première Guerre mondiale, le château accueille l'hôpital auxiliaire de la société de secours aux blessés militaires (HASSBM) n°21, d'une capacité de 80 lits.
On attribue vraisemblablement à Claude Gallard la construction d'un château en H élevé sur une plateforme quadrangulaire entourée de douves, connu par des gravures d'Israël Henriet et Israël Silvestre vers 1650. Au XVIIIe siècle, Anne‑Catherine Gallard, veuve de Nicolas Potier de Novion, modernise l'édifice en ouvrant la cour d'honneur par la démolition du mur et du portique d'entrée. Sa petite‑fille Léontine‑Philippine de Novion et son époux Aymar de Nicolay poursuivent les transformations entre 1775 et 1777 en ouvrant de nouvelles baies et en ajoutant un vaste fronton sur chaque façade. Passé à leur fils Théodore de Nicolaï, le château est ensuite abandonné après la révolution de 1830 et vendu en 1872 au banquier berlinois le baron Samuel de Haber.
Pour le baron de Haber, l'architecte Hippolyte Destailleur restaure le château dans le style Louis XIII. La campagne de travaux menée de 1873 à 1884 met en évidence la brique par la suppression des crépis, rehausse les combles des pavillons et ajoute des ornements en zinc sur les toitures. L'escalier d'apparat intérieur en forme de fer à cheval est démoli et des degrés monumentaux inspirés de celui du château de Fontainebleau sont plaqués sur chacune des façades. Une nouvelle aile à comble brisé est élevée sur l'emplacement des anciennes cuisines pour abriter les appartements de maître et reliée par une galerie à l'aile ancienne. Destailleur édifie également de nouveaux communs qui seront détruits par un incendie en 1976. En 2010, des lucarnes datant des années 1950 sont restituées.
Le parc de 86 hectares, commencé au XVIe siècle par les Clausse et achevé par les Gallard au milieu du XVIIe siècle, comprend une allée d'honneur bordée par deux canaux, une grande perspective avec canaux et bassins, des « nappes », une « salle d'eau » et un long canal de 248 toises. La marquise de Novion ajoute au XVIIe siècle le miroir d'eau. En 1873, Destailleur redessine le parc à l'anglaise. La marquise Jean de Ganay, petite‑fille du baron de Haber, fait rétablir un dessin à la française avec l'aide du paysagiste Achille Duchêne, créant notamment le bassin en fer à cheval et la fontaine d'Aréthuse, surmontée d'une nymphe en marbre sculptée en 1711 par Claude Poirier pour le parc de Marly. La statue d'origine a été acquise en 2005 par le musée du Louvre. En 1930, la marquise crée également un jardin « anglo‑japonais ». Les jardins, désignés « Courance » sans « s », sont évoqués par Ernest de Ganay dans Beaux Jardins de France et le parc est labellisé « jardin remarquable ».
Le château sert de décor à de nombreux films et séries : Henri Decoin y installe en 1962 la résidence de Mazarin et d'Anne d'Autriche dans Le Masque de Fer, et le film Molière (2007) de Laurent Tirard y a été en grande partie tourné. En mai 2015, une partie du tournage de l'épisode « Le Noyé du Grand Canal » de la série Nicolas Le Floch se déroule le long du bassin, et au printemps 2016 Le Sens de la fête est principalement tourné dans le parc et au château. L'épisode 4 de la partie 3 de Lupin, sorti en octobre 2023 sur Netflix, a été en partie tourné au château, qui y est présenté comme le château de Thoiry. Le château apparaît également dans Opération Portugal 2.
Les vues du domaine montrent le château côté cour et côté jardin, de nombreux bassins et fontaines, un jardin japonais, une allée bordée d'arbres prolongeant la perspective, le canal planté de platanes et les douves à la limite du parc.