Origine et histoire du Château de Crampagna
Le château de Crampagna, situé sur un piton dominant la vallée de l'Ariège, occupe un emplacement stratégique occupé dès l'époque romaine, lorsque le tumulus fut mis à niveau. La tour-poste, ou tour carrée, constitue la partie la plus ancienne et remonte au XIIIe siècle ; construite en pierres de Vernajoul, elle servait de poste de guet et fut habitée par des cousins du comte de Foix. Différentes campagnes de construction ont marqué l'édifice aux XIVe, XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, ce qui explique l'assemblage de volumes et d'éléments stylistiques distincts. Une partie du XIVe siècle se présente comme un bloc rectangulaire percé d'une fenêtre en plein cintre au sud et d'une fenêtre trilobée au nord ; elle abrite la chapelle, dont la salle voûtée en ogives comporte des nervures sculptées et une porte gothique. À l'angle se dresse la tour qui paraît avoir été le premier donjon ; on y trouve l'escalier à vis et un cachot. La construction du XVIe siècle, accolée au nord du bloc précédent, est décrite comme pourvue de mâchicoulis et de rainures destinées au jeu des madriers, témoignant de fonctions défensives. Les côtés sud et nord, édifiés sous la famille de Pontéjac, forment la partie centrale de l'ensemble. La troisième phase, attribuée à Catherine de Roquépine et datée de 1712, est réalisée en gros moellons ; elle s'ouvre au sud sur quelques baies de facture Renaissance et renferme de grandes salles voûtées en berceau. Le site connut des combats importants pendant les guerres de Religion : pris par le protestant Audou en 1585, il fut l'objet de combats successifs — dirigés notamment par Audou et Rieux de Pelleport — et en 1586 sa reddition nécessita cent sept coups de canon ; les hostilités se poursuivirent jusqu'en 1588. L'enceinte médiévale est aujourd'hui peu lisible ; subsistent toutefois des vestiges, dont une gargouille dans un mur résiduel. Le fief passa successivement aux familles de Roquefort, des Comminges et, après des aliénations et successions, aux Galard-Terraube qui conservèrent la baronnie jusqu'à la Révolution ; le château devint bien national à la suite de l'émigration d'Antonin Galard de Terraube. Par la suite, Stanislas Proszynski, ingénieur des Ponts et Chaussées, acquit le domaine ; son fils, le sculpteur Henri Proszynski, y résida et y travailla à l'occasion. La propriété, conservée aujourd'hui par des propriétaires privés, a été inscrite partiellement aux monuments historiques puis classée dans son ensemble, et les archives relatives à l'édifice sont conservées à Pau. Le château est visitable sur réservation préalable.