Origine et histoire du Château de Cravant
Le château de Cravant, dit Le Vieux Château, se situe sur la rive droite du ruisseau de Saint‑Mexme, à environ un kilomètre au nord du bourg de Cravant‑les‑Côteaux, à une altitude d'environ 95 m au niveau de la rupture de pente de la vallée. Le site occupe l'emplacement d'un château médiéval dont des vestiges remontent aux XIIe‑XIVe siècles ; l'existence d'une seigneurie à Cravant est attestée en 1045. Sur les fondations d'une tour médiévale, un manoir fortifié fut édifié au XVe siècle et le château fut achevé en 1556. En 1560 fut construit un pavillon accompagné d'une tour d'escalier, et à la fin du XVIe siècle on adjoignit au sud un corps de logis contigu au pavillon de Hodon. Vers 1560 Adam de Hodon fit édifier un pavillon comportant deux chambres, une tour en éperon couronnée de mâchicoulis et une tour d'escalier. Une porte du XVIe siècle, composée d'une baie cochère et d'un portillon, donne accès à la cour rectangulaire qui était cernée de fossés. Du côté ouest, la cour est limitée par les bâtiments d'habitation comprenant les ruines du logis du XVe siècle, le pavillon de 1560 et un corps de logis du XVIIe siècle. Une construction du XVIIe siècle occupait l'angle sud‑ouest de l'enceinte mais a été détruite en 1860, en même temps que la chapelle et le colombier situés au sud de la cour. Les communs, en retour d'équerre du côté nord, ont été élevés vers 1600. Faisant saillie sur le mur d'enceinte occidental subsiste une tour polygonale du XVe siècle qui a conservé une partie de ses mâchicoulis ; au sud de cette tour se voient les fondations d'un four du XVe siècle. Au nord subsistent les substructions d'une ancienne tour des XIIIe–XIVe siècles et, dans l'angle nord‑est de la cour, une casemate avec un escalier conduisant à un souterrain. Au sud de la cour se trouve un puits du XVe siècle, coiffé d'une toiture du XVIIe siècle. Les fondations d'une tour carrée du XVe siècle ont été mises au jour en 1931 par le chanoine Audard. Une partie du logis du XVe siècle est aujourd'hui ruinée ; les vestiges d'une cheminée visibles à l'étage sur le mur nord de la grange actuelle laissent penser qu'il s'agissait de l'ancienne grande salle. Dans un aveu rendu au roi en 1595, Jehan Lenain mentionne avoir fait construire plusieurs bâtiments, un portail, deux ponts‑levis, un pavillon arrière, des batteries et fossés, plusieurs chambres, greniers, celliers, boulangerie, écuries et jardins "faits de terre rapportée pour accompagner mon dit chastel parce que jamais il n'y en avait eu à cause de la hauteur". Les divers bâtiments étaient disposés en U autour d'une cour carrée accessible à l'est par un double pont‑levis : au nord se trouvaient un four à pain et des étables, au sud une chapelle, une bergerie et des étables, et deux pavillons flanquaient les angles nord‑est et sud‑est. Tous les bâtiments au sud ainsi que les deux pavillons d'angle et le cavalier sud‑ouest ont disparu avant 1832, date du premier cadastre. Cravant était une châtellenie relevant directement du roi et possédant les droits de haute, moyenne et basse justice ; le domaine entra dans la maison d'Orléans en 1626 puis passa par successions et legs avant d'être vendu en 1750 à Alexis Barjot de Roncée. À la Révolution, le château, déjà réduit à l'état de ferme, fut saisi et vendu comme bien national le 3 thermidor an IV (21 juillet 1796) ; il demeura dans la famille de l'acheteur jusqu'en 1937. L'arrêté du 11 juillet 1945 inscrit le château de Cravant comme monument historique ; malgré plusieurs rachats et tentatives de restauration au XXe siècle, il est depuis abandonné et en mauvais état. De la vaste enceinte quadrangulaire et des douves qui protégeaient le site, il ne reste que le portail oriental, composé d'une porte charretière et d'un portillon en plein cintre ; le pont‑levis a disparu. Le corps de logis principal, orienté nord‑sud, subsiste ; il est flanqué au nord d'une tour d'escalier de plan carré et adossé côté ouest d'une tour en éperon ; ces bâtiments en pierre de taille et moellons sont percés de meurtrières et de canonnières. Le sommet de la tour carrée est arasé au niveau des mâchicoulis qui supportent une toiture à quatre pans en ardoise. D'autres constructions au nord du site sont en ruine, dont la base d'une casemate reliée à des souterrains.