Origine et histoire du Château de Creully
L’ensemble castral du château de Creully, qui comprend notamment deux grandes salles de réception et des pièces à usage privé, remonte aux années 1160-1170 et conserve des arcades romanes ornées, témoignage de l’art civil du XIIe siècle. Érigé sur l’extrémité d’un plateau dominant un vallon près de la Seulles, à 150 mètres au nord de l’église, il se situe dans la commune nouvelle de Creully-sur-Seulles, dans le Calvados, en Normandie. L’origine du site est ancienne : on attribue sa fondation possible au Xe siècle à un fils ou un neveu de Rollon, et la seigneurie resta longtemps entre les mains d’une même famille. Des campagnes de remaniement s’étendent du XVe au début du XIXe siècle, et le château a été la propriété de la commune depuis 1946 ; l’ensemble est classé au titre des monuments historiques.
La chronologie des modifications et des événements militaires est marquée par des destructions et des reconstructions : le château fut abattu après la mort d’Hamon le Dentu en 1047, puis des parties furent élevées ultérieurement par la descendance de Robert Fitz Haimon et par Mabel FitzRobert. Au cours de la guerre de Cent Ans Richard de Creully perdit puis reprit la forteresse ; il releva ou rehaussa notamment le grand donjon carré couronné de mâchicoulis sur la courtine nord. Le site fut successivement occupé ou attribué à des Anglais, récupéré par la famille de Creully après la victoire de Formigny, puis démoli sur ordre royal avant d’être, selon une tradition, autorisé à être reconstruit par le même roi.
Pendant les guerres de Religion le château ne subit pas de dommages notables ; Antoine de Sillans transforma la vieille forteresse en demeure plus confortable en lui adjoignant une façade Renaissance et en procédant au comblement du fossé intérieur, à la suppression du pont-levis et à l’aménagement d’ouvertures et d’une tourelle Renaissance. Les communs, qui proviennent d’anciennes écuries, datent du XVIIe siècle. Le dernier baron vendit la seigneurie à Colbert en 1682 ; la famille de Colbert y demeura jusqu’à la Révolution, après quoi le domaine fut vendu à divers propriétaires.
En juin 1944 la tour carrée abrita brièvement un émetteur relais de la BBC qui diffusa des nouvelles de la bataille de Normandie, et Montgomery installa une roulotte-quartier général camouflée dans le parc, en face du château. La commune acquit le château en 1946 ; il est aujourd’hui loué ponctuellement pour des événements.
Architecturalement, le vieux château féodal des XIIe, XIIIe et XIVe siècles a été « habillé » d’une façade Renaissance ornée de pilastres et de guirlandes. De son organisation défensive il conserve une grande enceinte quadrangulaire dressée au-dessus de fossés, des tours de flanquement carrées, principalement vers la Seulles, et une haute tour carrée couronnée de mâchicoulis ; le pont-levis d’accès a disparu au plus tard aux XVIe–XVIIe siècles. Le logis crénelé du XVIe siècle renferme, au rez-de-chaussée, deux salles romanes voûtées en berceau de la fin du XIIe siècle appelées salle des Chevaliers. Le bâtiment est flanqué au nord‑ouest d’une haute tour polygonale coiffée d’une guette du XVe siècle et accolée à un donjon rectangulaire de 13 × 18 m, construit après 1358 et remanié entre 1578 et 1641, qui présente sur sa face ouest un arc de fenêtre roman noyé dans la maçonnerie et, sur sa façade sud, une tourelle d’escalier circulaire. L’accès se fait par une ancienne barbacane précédée d’un ancien pont‑levis ; le logis et les écuries ont été élevés par les Sillans aux XVIe et XVIIe siècles.
L’ensemble du château, de ses constructions et de son assiette foncière est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 25 juin 2004.
